Conseil régional
L’élu communiste, Bora Yilmaz a porté la voix du groupe, La Gauche solidaire et écologiste, concernant la feuille de route santé lors de la dernière session du Conseil régional. Il est revenu notamment sur la lutte contre la désertification médicale en dans le Grand Est.
« La santé n’est ni un luxe, ni une marchandise, elle est aujourd’hui plus que jamais au coeur des préoccupations. Alors je veux dire au préalable qu’on ne peut pas à chaque lendemain d’élection se lamenter en voyant, une nouvelle fois, l’extrême-droite progresser dans nos territoires ruraux et périurbains, et ne pas s’interroger sur la pertinence des orientations passées.
Chaque hôpital de proximité qui ferme un service, chaque médecin généraliste, chaque ophtalmo, chaque dentiste partant en retraite sans trouver de remplaçant, ce sont des voix supplémentaires pour le Rassemblement national.
C’est d’autant plus dramatique que le Rassemblement national, nous le voyons ici comme nous le verrons au plan national dans la législature qui s’ouvre, n’a strictement rien à proposer en matière de santé et de lutte contre la désertification médicale et hospitalière.
Quelle est le tableau dans notre région ?
L’Aube est le département où la densité médicale est la plus faible du Grand Est.
En 2021, la Meuse et l’Aube faisaient partie des 20 départements de France ayant connu la plus forte dégradation depuis 2017 en termes de nombre d’habitants pour un médecin généraliste (en moyenne un pour 1750 habitants).
Avec 275 médecins pour 100 000 habitants, notre région est une des moins bien dotées (moyenne nationale à 318). Cette situation devrait empirer dans les années à venir puisqu’environ 30% des médecins de la région partiront en retraite dans les trois années à venir.
Le corps médical n’a plus les moyens de répondre aux besoins, et à cette pénurie de médecins généralistes s’ajoute celle des médecins spécialistes.
De plus en plus, nous voyons des petites communes rivaliser de créativité pour tenter d’attirer des médecins dans leurs maisons de santé, par des campagnes de communication.
Face à cette situation, la Région doit hausser son niveau d’ambition et changer de vision.
Dans cette lutte implacable que nous devons mener, le déploiement de la télémédecine n’est ni une solution sur mesure, ni une solution ayant vocation à devenir structurante.
Nous réaffirmons que la télémédecine doit rester une solution ponctuelle et encadrée et qui nécessite donc des moyens humains. Nous avons avec vous, Monsieur Rotner, une profonde divergence d’approche dans la lutte contre la désertification médicale. Votre vision repose essentiellement sur l’implantation de maisons de santé pluri professionnelles libérales.(MPS)
Nous n’avons pas d’opposition de principe au soutien aux MPS, dès lors que celles-ci émergent de projets locaux portés par des professionnels implantés cherchant à élargir leur surface d’activité pour répondre aux besoins. Mais le volontarisme et la vision stratégique de la région doit être ailleurs : dans la fixation d’objectifs précis.
Nous proposons de travailler ensemble à poursuivre l’objectif de la médecine du quart d’heure : chaque habitant de notre région doit pouvoir trouver un médecin à un quart d’heure de chez lui.
Pour la poursuite de cet objectif, notre groupe propose d’une part à ce que soit au plus vite produit et présenté un bilan précis du soutien de la région aux MPS depuis 2015.
Parce qu’au regard du bilan présenté au début de mon intervention, il apparait que le seul accompagnement du marché et de la pratique libérale ne donne pas satisfaction.
Nous proposons d’autre part que soit levé un tabou, ou un impensé, c’est celui des Centre de santé, et du recrutement de professionnels de santé pour y pratiquer. Vous évoquez très vaguement cette piste, mais sans aucune précision ni objectif.
Or, nous savons que des partenaires existent dans notre région pour travailler tous ensemble au développement de centres de santé publics ou portés par le mouvement mutualiste. »
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