Le premier moment de colère passé, contre un tas de gens, d’institutions, de partis, contre mon artisan coiffeur qui ne voulait pas froisser les chauves et crânes rasés, contre les abstentionnistes, hésitants, méfiants, athées de la politique, grognons et finalement simples fainéants, contre ceux qui veulent se faire coq sur le fumier, et là, on en trouve aussi à l’extrême-gauche, ce premier moment de colère passé, j’ai aperçu quelque lueur d’espoir dans ma fréquentation d’un tas de gens qui pensaient comme moi, que tout n’était pas perdu, que la vague brune n’était qu’une sorte de vent mauvais grossi de l’haleine des gens aigris, déroutés et naïfs, un peu pétainophiles quand même, brandissant une flamme qui fait froid dans le dos. Cette vague-là va du nationalisme à l’apartheid. Elle n’est pas que française. Ça ne rassure pas, au contraire. Elle est porteuse de ghettos, de barbelés, de murs de la honte, de navires engloutis dans le cimetière méditerranéen. Et, signe d’une déliquescence des valeurs, elle ose s’appeler Résistance.
Le gouvernement ukrainien n’a pas manqué de tomber dans ce travers, malgré la sympathie qu’il peut inspirer. Il vient d’annoncer que la résistance s'organisait sur le front culturel. Un projet de loi interdit de diffuser des livres et des musiques russes sauf si leurs auteurs acceptent de devenir citoyens ukrainiens. Ainsi veut-il chasser la propagande hostile. Cela s’appelle censure tout simplement. Je suppose qu’il existe beaucoup d’Ukrainiens éclairés pour écouter et lire encore et toujours la culture russe qui reste, malgré Poutine ou Staline, ou Nicolas II, une immense culture universelle.
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