Aube - législative
On nous a vendu la victoire de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, on se retrouve avec l’élection historique de 90 députés d’extrême droite à l’Assemblée nationale, dont deux dans le département de l’Aube.
Que s’est-il passé ? Le rassemblement de la gauche était une aspiration forte de son électorat. Le programme de la Nupes, ne contenait certes que les prémices d’un projet de société post capitaliste, mais avec suffisamment d’ambition pour améliorer considérablement la vie du peuple de France. Pourquoi l’abstention est-elle restée aussi massive et a-t-elle profité finalement à l’extrême droite ? Voilà une question essentielle si l’on ne veut pas que l’extrême droite tisse définitivement sa toile de haine sur notre pays. Bien sûr, les politiques libérales de casse industrielle, d’affaiblissement de nos services publics menées par les gouvernements socialistes et de droite ont pris une part prépondérante dans l’enracinement électoral de l’extrême droite.
Mais sur bien des points, ce qui s’est passé dans le département de l’Aube, durant la séquence électorale que nous venons de vivre, est caractéristique de l’irresponsabilité d’élu-es et d’un certain nombre de formations politiques de droite et de gauche.
Rappelons à la droite républicaine qui joue la vierge effarouchée en réaction à l’élection de deux députés d’extrême droite, que ses élu-es étaient pour la plupart au 1e rang pour applaudir Pécresse, lors de son meeting à Troyes quand elle a repris, entre autres, une des thèses les plus abjectes du RN en faisant l’amalgame entre insécurité et immigration. Et à force de courir après l’extrême droite, on finit par être sur la même ligne qu’elle. Pas étonnant, dès lors, qu’entre les deux tours des législatives la plupart des LR locaux aient botté en touche.
Que cela soit le « ni ni » de la candidate des Républicains de la 1ère circonscription, ou le fameux « barrage aux extrêmes » de F. Baroin, ou bien même le simple « pas une voix à l’extrême droite » de Mélenchon repris en choeur par ses candidat-es aubois, au final, le sens profond de tout cela invitait à l’abstention, et banalise les thèses d’extrême droite. Le résultat est là, sous nos yeux : le RN envoie 90 de ses militant-es à l’Assemblée nationale et assure à l’entreprise Le Pen 10 millions €/an de fonds publics. Quelle efficacité !!
La palme de l’irresponsabilité.
La palme revient aux élu-es départementaux qui ont refusé l’idée même d’une motion proposée par le Président P. Pichery afin de soutenir les candidat-es de la droite républicaine. Ils l’ont refusée afin de ne pas « froisser » leurs électeurs RN. Les deux députés RN ont d’ailleurs remercié publiquement, dès leur première interview, les conseillers départementaux !!
Si, à gauche, l’idée de rassemblement a fait l’unanimité, la méthode imposée par la FI a empêché la dynamique populaire historiquement indispensable à chaque victoire de la gauche. Sa volonté d’hégémonie n’a pas permis de tenir compte de l’influence locale réelle de l’ensemble des formations signataires de la Nupes.
Ainsi des dizaines de militant-es socialistes, communistes, écologistes, reconnus et appréciés localement, parfois des maires largement élu-es aux dernières municipales, ont été systématiquement mis de côté. Toute cette force militante a manqué à l’élection de nombreux autres députés de la Nupes. Dans de nombreux départements de France, à l’image de ce qui s’est passé dans l’Aube, pas même un suppléant-es communistes n’a été toléré par la FI.
Quoi qu’il en soit, si la Nupes permet à la gauche de sauver la face, on voit bien qu’il va falloir s’y prendre différemment si elle veut renouer avec l’ensemble de son électorat. Une gauche digne de ce nom doit être en capacité de parler indissociablement à l’ensemble de celles et ceux qui ont intérêt au changement, partout où ils vivent sur le territoire français et quelle que soit leur condition sociale.
En attendant, voilà l’extrême droite solidement installée au Palais Bourbon. Si l’on continue à la banaliser, pour des raisons électoralistes, elle va continuer à tisser sa toile ; jusqu’au jour où elle sera appelée pour rétablir l’ordre.
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