On date du XVIIIè siècle la méthode dite « statistique » des frères Bernoulli et de Laplace ; mathématiques applicables aux sondages. Selon ces éminences de matière grise, la partie peut être extrapolée au tout. La théorie du chaos et la physique quantique disent le contraire. Mais tel n’est pas ici le propos.
Les Gallup et autres ont, après-guerre, mis l’affaire à profit… et les leurs du même coup. Le sondage, depuis, vogue toutes voiles dehors, gonflées par les vents impétueux des marchés goulus. On sonde le tout-venant sur tout ce qui vient. Il y eut, par exemple, la drolatique affaire de la chocolatine, pain béni (au chocolat !) des sondeurs. Score : fifty-fifty, on n’en sut pas davantage.
En périodes électorales, bouclards prétentieusement dits « instituts » machinent à pleins pistons. Les « échantillons représentatifs » sont cajolés comme de rarissimes abeilles pour récolter le substantifique miel, avant que des bateleurs en costards-cravates n’en fassent l’article en jargonnant. On eût pu penser, de par ses origines, que le sondage fût enfant de science. Pour peu qu’il en ait gardé le plumage, ce dont même je doute, son ramage en a fait le phénix des hôtes du théâtre médiatique. Finalement, j’aime bien les sondages. Cette coterie grassement payée, avec parfois nos impôts, prolixe en réponses de normand, me délasse. J’aime bien les sondeurs. Ils ont le mérite, l’art habile même, de potiner long comme une journée sans pain sur des résultats d’algorithmes bricolés, qui n’ont pour unique objet que celui de dire ce que l’on a voulu qu’ils disent. Tout une science !
Tout compte fait, le sondage est le GPS de l’électeur. Pour le guider là où il ne veut pas aller.
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