Question prévisions, ce gouvernement est tout à fait compétent : il prévoit que l'été sera très chaud, que les urgences seront saturées, qu'il manquera des professeurs à la rentrée, des aides-soignantes, des infirmières, des médecins, que les feux de forêts risquent d'être particulièrement dramatiques, qu'il y aura sans doute un retour en force du Covid à la rentrée. Bref, il prévoit. Mais prévoir sans anticiper n'est pas gouverner, et il n'a rien anticipé.
La canicule, depuis 2003, est un phénomène qui devient de plus en plus fréquent et intense, mais les lycéens en 2022 doivent encore passer leurs épreuves de bac dans des conditions difficiles, faute d'isolation thermique des bâtiments publics anciens ; le personnel hospitalier est en grande souffrance depuis 2020, mais on lui propose essentiellement une augmentation de rémunération des heures supplémentaires alors qu'il faudrait former et embaucher avec des conditions très attractives ; il en est de même pour le personnel de l'Education nationale : pour enrayer la pénurie de candidatures, il faudrait peut-être envisager un système, à l'instar des anciens IPES, qui puisse inclure une formation rémunérée d'élève-professeur après concours d'entrée.
Mais l'objectif d'un gouvernement libéral est justement de liquider la fonction publique pour en ouvrir l'activité au privé. En asséchant, comme ce gouvernement l'a fait, les ressources de l'Hôpital et en disloquant, comme l'a fait Blanquer, l'enseignement dans le secondaire, ils font apparaître ces institutions comme frappées du sceau de l'obsolescence-programmée, elle, depuis longtemps. Bon, ils n'avaient pas non plus anticipé que la réforme de l'assurance chômage était si pénalisante pour les saisonniers qu'ils ont cherché un autre type d'emploi, au grand dam des hôteliers-restaurateurs. On ne saurait tout prévoir.
© 2024 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY