En Méditerranée, deux naufrages dans la nuit du 24 au 25 mai au large des côtes tunisiennes ont fait 76 morts et 134 survivants... Une autre embarcation avec 31 personnes à bord lance le même soir un appel de détresse dans les eaux maltaises, mais les autorités de La Valette ont décrété qu’il n’y avait pas de danger réel. Personne ne sait ce qu’il est advenu de ces migrants. Ces morts n’intéressent plus grand monde, trop banales désormais. Seul un cadavre échoué sur une plage peut, peut-être, encore émouvoir.
Au même moment « 50 migrants arrivés illégalement sur le sol britannique seront envoyés dans les prochains jours au Rwanda » a déclaré Boris Johnson au Daily Mail, quel que soit le pays d’origine de ces migrants, ou le pays qu’ils avaient désiré rejoindre. Seule exception : les migrants mineurs qui pourront rester sur le sol britannique. Et cela grâce à un accord passé en avril avec Kigali, qui accueillera les migrants contre 144 millions d’euros... Tollé dans la classe politique rwandaise et britannique, dans les Ong, à l’ONU. « Les migrants ne sont pas des marchandises ». Rien n’y a fait.
Les migrants ne sont effectivement pas des marchandises, parce que les marchandises circulent beaucoup plus facilement et l’on en prend soin. On ne les laisse pas se geler dans les forêts polonaises, on ne les oublie pas dans des containers scellés. Ils ne sont qu’une force de travail, très peu rémunérée, pour un travail dur dont personne ne veut, comme le désherbage à la main des cultures bio, ou la cueillette des olives et des tomates, quand on ne les exploite pas dans des zones polluées, sales ou dangereuses. Le pouvoir du capital est le pouvoir de disposer du travail non payé, dit Marx. C’est pourquoi les capitalistes adorent les migrants, surtout « illégaux », et empêcheront toute volonté politique de régularisation ou de simple traitement humain. Et c’est ainsi notre civilisation qui fait naufrage.
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