Ils sont 19 victimes innocentes par essence puisque c’étaient 19 enfants âgés de 9 à 10 ans. Ils ont été massacrés avec leurs deux institutrices dans une école du Texas.
Exit le tueur, un adolescent d’à peine 18 ans, qui a fait feu sur la classe avec son « top gun » de guerre acheté quelques jours plus tôt dans un magasin, aussi simplement qu’on se procure un smartphone ou du matériel de jardinage au centre commercial du coin. Il a été abattu par la police. Mais l’assassin, le vrai, celui qui commet depuis des lustres ces meurtres en série, court toujours. Son nom : le marché libre des armes à feu. Son chargé d’affaires, la NRA (National Rifle Association), le surpuissant lobby qui a ses entrées au Congrès et dans les plus hautes institutions des États-Unis.
Le sang du carnage de Buffalo qui a coûté la vie à 10 autres êtres, éliminés, eux, parce qu’ils avaient simplement le tort d’être noirs, était à peine séché. Le président Biden a dit son émotion, comme l’avait fait Barack Obama en 2015, au lendemain d’un autre massacre raciste à Charleston. L’ex-locataire de la Maison-Blanche avait alors rappelé l’abomination de l’une des précédentes tueries de bambins dans une école du Connecticut, trois ans plus tôt, pour insister sur la nécessité de « revoir la législation ». Entre-temps, rien n’a changé et on peut craindre que, malgré les accents pleins d’émotion biblique de Biden s’insurgeant « pour l’amour de Dieu » contre la NRA, la volonté de réguler même modestement le marché des armes à feu ne se heurte à l’étendue de la corruption instillée par le lobby parmi les élus républicains et certains démocrates.
Un sursaut démocratique serait pourtant nécessaire, comme le revendiquent ces jeunes, anciens élèves du lycée de Parkland en Floride, lieu en 2018 d’un précédent carnage d’adolescents, ou ces associations qui se battent pour que l’accès aux armes soit au moins limité. Les États-Unis doivent enfin sortir de leur addiction mortifère. Celle qui fait gonfler leur budget de guerre à des niveaux aujourd’hui astronomiques. L’exact pendant de celle qui nourrit la litanie de leurs tragédies intérieures.
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