Matignon
Emmanuel Macron voulait nommer une femme. C’est fait. Il cherchait un profil capable de mener la « planification écologique », voire d’envoyer un message aux électeurs de centre gauche. C’est raté.
À 61 ans, Élisabeth Borne n’incarne pas non plus le renouveau ou la « méthode nouvelle » souhaitée à l’Élysée. Membre de tous les gouvernements depuis 2017, sa nomination comme première ministre est l’aboutissement d’un parcours classique en Macronie, fait d’allers-retours entre la haute fonction publique et les conseils d’administration de grandes entreprises.
La casse sociale et des services publics, Élisabeth Borne sait faire. Ministre des Transports entre 2017 et 2019, c’est elle qui porte la réforme ferroviaire qui casse la SNCF et détruit le statut des cheminots, malgré une grève historique. Le « dialogue social » sera pourtant au programme de son passage à Matignon, avec la réforme des retraites, qu’elle devait déjà porter lors de son arrivée au ministère du Travail en juin 2020, avant d’être reportée.
Deux ans, rue de Grenelle, marqués par la pandémie, pendant laquelle elle a assuré que « ce n’est pas au travail que le virus circule » pour justifier le retour des travailleurs et l’absence de véritables mesures de protection, et a « laissé faire les licenciements par des entreprises qui avaient touché des aides publiques pendant la crise », retient l’économiste Maxime Combes. Surtout, c’est elle qui a mené la réforme de l’assurance-chômage, détruisant les droits de nombre d’allocataires.
Entre les Transports et le Travail, Élisabeth Borne a aussi connu un passage au ministère de l’Écologie. Et ça tombe bien : elle sera en charge de la planification écologique.
Une technocrate jamais élue
De quoi rassurer les acteurs de la lutte contre le réchauffement climatique ? « Après Nicolas Hulot qui a fait la démonstration qu’aucune écologie transformatrice n’était possible sous Macron, Élisabeth Borne est venue pour boucher les trous, sans volontarisme politique », rappelle Maxime Combes, qui relève aussi le coup d’arrêt du train Perpignan-Rungis sous la houlette du ministère des Transports qu’elle occupait.
La nomination d’Élisabeth Borne à Matignon est donc loin d’être une rupture dans la politique d’Emmanuel Macron.
Le seul renouveau qu’elle représente est que cette authentiquete chnocrate n’a jamais été élue, une rareté pour Matignon. Elle pourrait le devenir le mois prochain aux législatives, candidate dans la 6eme circonscription du Calvados, qui depuis sa constitution en 1988 a toujours élu un député de la future majorité.
En cas de défaite, personnelle ou collective, son bail à Matignon serait sans doute le plus court de la Vème République.
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