Aube - Éducation nationale
On apprend donc qu’il n’y aura plus d’école à Pâlis. Plus de maîtres ni de maîtresses. Plus d’enfants. Plus de jeux dans la cour de récréation avec ces cris si réjouissants, preuve de vie, preuve d’amour. Plus d’école dans un village et c’est le début d’un désert que les commerces fuient avec leurs clients.
Le boulanger est en sursis. 650 habitants qui n’ont plus que leur voiture pour faire leurs courses dans les petites villes les plus proches. Et ceux qui n’ont pas de voitures ? Ils inventent des modes de vie qui ressemblent à du bricolage. Et on ne peut pas dire que Pâlis soit un village abandonné, il continue à organiser des fêtes, des rencontres, des jeux.
Les reîtres brûlèrent le village en 1576. Nous étions en pleine guerre de religion et les habitants subissaient des attaques inconnues, souvent celles des princes voulant asseoir leur autorité. Mais aujourd’hui, plus de reîtres, mais des démolisseurs bien identifiés dont les dégâts seront irréparables.
Faire des économies à tout prix
Revenons sur les faits. Depuis des années, l’autorité académique signale la baisse des effectifs dans le canton. Elle décide de supprimer un poste sur le groupement pédagogique Aix-Villemaur-Pâlis. Pâlis qui avait 2 classes n’en aurait plus qu’une. La première coupable est donc la calculette, celle qu’on évoque quand on veut faire des économies à tout prix, quand on ne veut pas regarder l’avenir des enfants. La première sacrifiée, c’est l’éducation.
Mais le ministère, après ce coup bas, propose 4 solutions pour essayer de répartir la misère de la façon la plus indolore. On aurait pu discuter de ces solutions plus longuement avec les enseignants, les parents et les syndicats, mais le maire actuel proposa que ce soit le Conseil municipal qui en décide. Non dans un souci de démocratie, car il fait partie de ce genre d’élus qui ne pratiquent la votation que lorsque sa solution est sûre de l’emporter.
Et il avait depuis son arrivée prévu et poussé à cette fermeture : encouragements à envoyer les enfants dans le privé, dont les siens, qui sont aussi éduqués « à la maison ». La peur du rouge là encore. Et sa solution privilégiée c’était de fermer les écoles à Pâlis et de regrouper tout le monde à Aix. On pourra toujours regretter qu’il n’y ait pas eu d’émeutes ni de protestations pour s’opposer à tout cela. Quelques parents se mobilisèrent toutefois.
Cette solution fait qu’il n’y a plus d’écoles ni à Villemaur, ni à Pâlis. Si la pédagogie peut d’un côté y trouver intérêt, la vie des villages ne peut que s’appauvrir. Les élèves seront plus nombreux à être trimballés dans les bus. Et qui paie les bus ?
Une remarque a pointé lors des débats houleux, preuve de contestation. Un citoyen avisé lança une remarque fort impertinente, mais fort éclairante : « Vive l’école privée ! » Un cri de colère adressé à la fois au gouvernement qui par sa politique favorise l’école privée, mais aussi adressé au maire d’Aix en Othe dont les convictions religieuses vont dans le sens de cette casse de l’école publique. Car, certains parents abandonnés par le service public iront inscrire leurs enfants à Mesnil Saint Loup ou à Troyes.
Ne laissons pas Macron tranquille. C’est bien sa politique qui est en cause hier et demain. Ces suppressions de postes aggravent les inégalités scolaires et sociales et conduisent à augmenter le nombre d'élèves par classe au détriment de la qualité de l'enseignement.
Alors qu’il faut investir dans le service public d’éducation en créant des postes à hauteur des besoins afin que la jeune population soit partout scolarisée, on continue à fermer des classes, à supprimer des formateurs, ce qui veut dire casser l’école de la république.
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