Ainsi donc, Fabien Roussel serait responsable de la non accession de la gauche non communiste au second tour. Pas les écolos, pas le PS, pas les trotskistes, non, seulement les communistes, censés être les supplétifs naturels de la social-démocratie. C'est beaucoup trop d'honneur... Dire que la gauche dans son ensemble est affaiblie depuis 2012, où elle faisait au premier tour 43,75%, est un euphémisme puisqu'elle culmine en 2022 à 31,92%, faisant désormais un score historique inférieur à celui de l'extrême droite. Cet affaiblissement est, bien sûr, une conséquence directe du quinquennat désastreux du socialiste Hollande, mais sous Macron cela s'est amplifié et Macron n'est pas socialiste. Par ailleurs, l'affaiblissement de la gauche coïncide avec l'effacement du PCF de l'élection présidentielle, considérée en France comme le plus
grand événement politique.
La candidature de Fabien Roussel s'est donc mise au service de la reconstruction d'une gauche populaire et combative. Cette campagne, menée avec enthousiasme, souvent au pied des entreprises et dans les luttes sociales, a permis de réactiver des thèmes comme le concept de classe, le rapport capital/travail, l'engagement quotidien au service du changement de la société et non la délégation de pouvoir une fois tous les 5 ans. La reconstruction de la gauche passera évidemment par la prise en compte de toutes les identités politiques, mais ne se fera pas si l'une d'entre elles a une tentation hégémonique, tentation qui a précisément contribué à la situation actuelle et devrait faire réfléchir pour les législatives : les territoires ont des histoires politiques diverses et ne veulent pas de prêt-à-penser. S'en affranchir en prétendant imposer un ralliement ou des quotas serait une erreur politique majeure.
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