Aube - résultats du 1er tour
370 communes auboises sur les 431, soit près de 86 % d’entre elles, ont placé l’extrême droite en tête. Au total plus de 43% des électeurs aubois ont glissé dans l’urne un bulletin d’extrême droite. Que peuvent-il espérer d’un tel vote ?
Loin de moi l’idée de penser qu’il y aurait derrière chaque électeur des Le Pen et Cie un raciste ou un nationaliste. Mais alors quel sens à ce vote massif dans le département de l’Aube ? Sans doute y a-t-il là-dedans beaucoup de colère légitime : le chômage, la peur du déclassement social, le pouvoir d’achat, la désertification rurale, le manque de médecin, les écoles, les services publics qui ferment etc. Mais je me demande en quoi le vote d’extrême droite peut, en quoi que ce soit, apporter une solution à cela, si ce n’est que désigner à la vindicte des boucs émissaires.
Soyons clair, la droite et les sociaux libéraux ont servi depuis des années de marchepied aux idées d’extrême droite, tantôt en reprenant leur thématique, tantôt en trahissant les aspirations populaires et les promesses électorales d’une meilleure répartition des richesses.
Le sentiment du tous pareils
Et dans l’Aube ce sentiment du « tous pareils » s’est forgé d’abord avec la casse industrielle dont les ouvrières et les ouvriers de notre département ont été les premières victimes dans le milieu des années 1980. Jamais un élu de droite aubois n’a relayé la souffrance des salariés qui perdaient leur emploi.
Jamais le parti socialiste au pouvoir n’a accepté de voter la loi anti délocalisation que demandaient les communistes. Quant au Front National de l’époque, il n’avait pas encore procédé à sa mue populiste et était l’émanation de la grande bourgeoisie qui avait en 1936 préféré Hitler au Front populaire.
Depuis, ce sentiment du « tous pareisl » a mûri et s’est renforcé avec une droite auboise hégémonique, qui pour conserver son fond de commerce n’hésite pas à patauger dans le marais idéologique de l’extrême droite. Et une gauche où seuls les communistes et leurs élu-es cherchent tant bien que mal à faire entendre une voix différente dans ce qui s’apparente, notamment dans les assemblées d’élus, que cela soit dans les conseil municipaux, à Troyes Champagne Métropole ou au Conseil départemental, à une politique de « l’entre soi », où il est bien difficile de distinguer les différences entre les uns et les autres, y compris avec le RN qui s’accommode parfaitement des politiques antisociales de la droite locale.
Chemin faisant, l’absence de débat politique de fond aidant, les Aubois-es se sont donc installés dans ce vote de repli et de désespérance… Et la désespérance est le terreau du développement et de la propagation des idées d’extrême droite. La boucle est bouclée.
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