Le week-end dernier dans la plupart des grandes villes françaises des défilés étaient organisés afin de remettre les questions de justice climatique et sociale au coeur du débat politique.
Après un quinquennat qui a vu l’État deux fois condamné pour inaction climatique, les ONG du mouvement climat, redoutent que l’affaire soit mal embarquée pour le prochain mandat. D’après les sondages, au soir du 24 avril, les Français ont actuellement peu de chance de voir le visage d’un défenseur de la justice environnementale et sociale s’afficher sur leur écran de télévision. « Nous appelons à faire battre les candidats dangereux pour le climat : E. Macron, M. Le Pen, É. Zemmour et V. Pécresse », assume l’un des porte-parole des Amis de la Terre. Mais face au triste scénario qui se profile, les associations préparent aussi l’après en construisant le bras de fer dès maintenant. « Quelle que soit la personne élue, il nous faudra rapidement enclencher un rapport de force dès le lendemain de l’élection. Comme en 1936 », poursuit-il, « Toutes les options sont sur la table, de nouvelles marches aux actions de désobéissance civile. »
Lancé en 2018 avec des manifestations monstres, le mouvement climat a besoin de trouver un nouveau souffle. Faute de victoires majeures et en raison de la pandémie, les cortèges sont de moins en moins garnis. Les manifestant-es étaient environ 150 à Troyes. Il y a quatre ans, la
médiatisation du rapport du Giec et la démission de Nicolas Hulot du ministère de l’Écologie avaient créé les conditions d’une dynamique.
Aujourd’hui, entre la pandémie et les thématiques sécuritaires mises à l’agenda par les nuances de droite, tout est plus compliqué pour porter des revendications comme la taxation du capital, la rénovation thermique des bâtiments ou la sécurité sociale alimentaire.
« Les multinationales sabotent tout espoir »
« Au lieu de regarder la vérité en face et de prendre leurs responsabilités, les dirigeants politiques et les multinationales détournent délibérément le regard, voire sabotent tout espoir d’un avenir juste et soutenable », dénonce l’appel à manifester, signé par 536 associations, syndicats et collectifs. Dans les médias, ce n’est guère mieux : l’écologie n’occupait, mi-février, que 2,7 % du débat public, selon les calculs de l’institut Onclusive. Une paille quand les Français sont 94 % à juger que la crise climatique est un « enjeu majeur ». Depuis, la Russie a envahi l’Ukraine, reléguant même l’alarmant rapport du Giec, publié le 28 février, dans les limbes du débat public. « Ne laissons pas nos droits et notre futur rester otages de celles et ceux qui nous mènent à la catastrophe », enjoignent les signataires.
Les 25 et 26 mars marqueront, quant à eux, le retour des grèves pour le climat, lors desquelles la jeunesse est appelée à poursuivre la bataille partout dans le monde. Un groupe de jeunes manifestants rencontrés à Troyes nous a confié : « On a besoin d’écologie, de social et de démocratie. Pas seulement une fois tous les cinq ans. Se mobiliser et voter sont les seuls moyens de rompre cette chaîne infernale ».
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