Témoignage
Rendez-vous a été pris à Bar sur Seine pour rencontrer des personnes pouvant témoigner des problèmes liés à la vie courante à l’hôpital.
Nathalie nous dit : « Depuis plusieurs années j’ai été contrainte, conseillée par notre Docteur traitant, de mettre ma maman à la Maison de retraite de Bar sur Seine. Elle vivait seule et avait de gros problèmes de santé, diabète, tension, peine à marcher, mais je me disais que là-bas, elle serait soignée et protégée. Maman qui est née à Bar sur Seine ne s’habituait pas à cette vie de solitude et pleurait souvent quand je venais la voir. Je me suis aperçue ensuite de beaucoup de choses. Maman avait un régime à suivre et cela n’était pas suivi. Beaucoup de laisser-aller dans la surveillance et le ménage. Intervenir d’accord, mais maman craignait « d’occasionner des fâcheries. » Il est clair que les situations de précarité n’entraînent pas à la révolte.
Océane est VMEH dont le rôle est de rendre visite à des malades à l’hôpital ou en maison de retraite. Elle a subi une formation obligatoire, même si son rôle reste uniquement psychologique. Apporter un peu de bonheur et de joie de vivre. Elle nous confirme les difficultés rencontrées par les malades dans leur quotidien. Comment trouver un fauteuil roulant pour faire un tour de promenade dans le parc ? Une nécessité vitale pour la vieille dame. « Avec la Covid, elles ont été bouclées dans leur chambre pendant 3 semaines et sans visite ! Le moral était au plus bas. » Suit la liste des « petites choses », dramatiques en fait, chaque fois. « Quand on casse ses lunettes ou qu’elles disparaissent mystérieusement, c’est tout un foin pour emmener la dame chez l’oculiste. Pareil pour le dentier qu’elle n’a toujours pas. On rencontre aussi des résidents agressifs. Ils n’ont rien à faire dans le service. Et communiquer avec l’extérieur ? Pas de téléphone dans toutes les chambres. La dame dont je m’occupe a bien un portable, mais parfois le forfait prend fin. Qui va s’en occuper ? Est-ce que ça ne devrait pas être la tutelle qui s’en charge ? » Grosses questions autour de la table quant aux tutelles : qui vérifie leurs comptes ? Quand il y a un dysfonctionnement, forcément, il faut un responsable, un coupable même. Les ongles de pied pas coupés depuis un an, les cheveux, les douleurs, il faudrait à demeure pédicure, coiffeur et médecin ! Et une animation régulière et un petit journal de liaison. Pour mieux se connaître, pour faire société.
Océane ne fait pas de politique, elle reconnaît pourtant que la santé, là où elle aide, est le problème principal à cause de l’âge des résidents. Le personnel insuffisant toujours pressé. Sinon stressé. Le ménage pas fait à fond. La sonnette qui sonne dans le vide. Le temps réservé à chaque patient qui se réduit au fil des diminutions de personnel.
La tendance pour qui ne voit pas l’origine des difficultés, c’est de désigner une partie du personnel faisant mal son boulot et même de les accuser de maltraitance. Et l’administration de transformer chaque critique en cas isolé. Les militants connaissent ça.
De plus en plus, des enquêtes journalistiques montrent où mène la politique de restriction des moyens, des taux d’encadrement scandaleusement bas dans le système de santé. Bravo pour ces enquêtes, confirmées par ce triple entretien. Mais pourquoi les media n’ont-ils pas donné ces informations plus tôt alors qu’elles étaient révélées, et dénoncées par les syndicats en particulier la CGT ? C’est aussi le coeur de la campagne du PCF et de Fabien Roussel.
© 2024 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY