Le scandale est d’une telle ampleur qu’il a percuté le débat politique.
La sortie, le 26 janvier, du livre les Fossoyeurs, une enquête de Victor Castanet sur les maltraitances dont souffrent les personnes âgées hébergées dans les Ehpad du groupe privé Orpéa, qui compte trois établissements dans l’Aube, a poussé l’exécutif à réagir.
Orpéa, un des leaders mondiaux dans le secteur des Ehpad et cliniques continue à rejeter en bloc ces accusations. Il a cependant tenté d'allumer un premier contre-feu, en limogeant son directeur général en place depuis plus de dix ans.
Le ministre de la Santé a quant à lui, diligenté une enquête de l’inspection générale des finances, ainsi qu’une de l’Igas, qui est un organisme indépendant (Inspection générale des affaires sociales.
Les résidents laissés dans un état d’hygiène désastreux
Les révélations sur le système Orpéa font froid dans le dos. L’ouvrage édité par Fayard et fruit de trois années d’enquête décrit les dérives d’une gestion dans laquelle, malgré des coûts prohibitifs allant jusqu’à 7 000 euros par mois, les résidents sont laissés dans un état d’hygiène désastreux et manquent cruellement de soins. Au nom d’une « politique de réduction des coûts », qui fait les délices des actionnaires et des dirigeants, tout est rationné : repas, couches de protection, matériel, prise en charge médicale. Le personnel y serait précaire et en nombre insuffisant pour répondre aux besoins de résidants, fragiles et en grande dépendance.
« Du pognon sur le dos de nos aînés »
« Une gestion exclusivement comptable de la prise en charge de personnes vulnérables », résume Victor Castanet. L’ouvrage pointe aussi le déficit de contrôle de ces établissements, qui bénéficient pourtant d’argent public. Il évoque des liens de la direction d’Orpea avec certains politiques et hauts fonctionnaires. Premier mis en cause, Xavier Bertrand, ministre de la Santé sous la présidence Sarkozy de 2005 à 2007 et de 2010 à 2012, a réfuté lui avoir apporté son aide. De son côté Orpea, dont l’action a chuté en Bourse, a « contesté formellement », dès le 24 janvier, des accusations qu’il juge « mensongères, outrageantes et préjudiciables ».
Un grand service public du grand âge
Mais l’affaire va bien au-delà du seul groupe Orpea. « Le problème, c’est qu’on a laissé au marché le soin de s’occuper du grand âge. Certains font le choix de se faire du pognon sur le dos de nos aînés », a rappelé sur France Info Fabien Roussel. Alors que l’exécutif a enterré la grande loi sur la dépendance des personnes âgées, promise en 2018 par le président Macron, le candidat communiste à la présidentielle a plaidé pour « un grand service public du grand âge ».
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