Éducation nationale - Aube
À Troyes comme dans la plupart des grandes villes de France, la mobilisation des enseignants jeudi 13 janvier dernier a été massive. Signe évident d’une exaspération qui a atteint des sommets, touche l’ensemble des métiers de l’Éducation nationale et, qui plus est, reçoit le soutien massif des parents d’élèves.
Au niveau national, 75 % de grévistes dans le primaire et 62 % dans le secondaire, selon la FSU. Dans l’Aube plus de 60% de grévistes et de nombreuses écoles fermées dont certaines qui ne sont habituellement pas touchées par la grève. C’est une certitude, la mobilisation des personnels a été exceptionnelle que ce soit en termes de taux de grévistes et nombre de manifestant.es sur tout le territoire.
L’incohérence des mesures prises pour lutter contre la pandémie a certes cristallisé les colères, mais ce sont bien les choix politiques du ministère de l’Éducation nationale depuis cinq années qui sont condamnés unanimement parmi les manifestant.es : « ras-le-bol général depuis le début de la crise sanitaire » face à un ministre qui « détruit l’école à petit feu » et témoigne du « mépris » envers les personnels.
On retrouve en fait les mêmes maux et donc les mêmes mots que lors de la manifestation des personnels de santé de la semaine précédente : Manque d’attractivité du métier, manque de personnel, on assiste à une explosion de la précarité avec les contractuels enseignants.
C’est le service public qui fout le camp !
Des années de politiques d’austérité ont mis à mal les services publics, comme celui de la Santé ou de l’Éducation, et la crise sanitaire n’a fait qu’exacerber ce phénomène, provoquant l’exaspération des personnels se retrouvant seuls face à l’incurie du gouvernement.
Laurence Corpel, secrétaire départementale de la CGT Éduc’Action l’exprime ainsi : « Comme à l’hôpital, on est sur une crise structurelle et puisqu'il n'y a plus de titulaires remplaçants ils assument le non remplacement du personnel. La solution du gouvernement est de réduire les heures d'enseignement, de multiplier les contrats précaires dans tous les métiers de l’éducation tout en continuant les suppressions de postes, de mettre n'importe qui devant les élèves pour faire tout et n'importe quoi… et d'orienter plus vite vers la vie active ! »
Face à la forte mobilisation, les miettes concédées par le gouvernement indiquent sa fébrilité face au mouvement des personnels. Dixit les syndicats, il semble que les choses ne vont pas en rester là : « les mesures annoncées ne répondent ni à la désorganisation actuelle de l’École ni aux revendications portées depuis de très nombreuses années par les personnels et les organisations syndicales sur l’amélioration pérenne des conditions de travail et d’étude des élèves »
À trois mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron se serait bien passé de cette mauvaise publicité. Une grève de cette nature dans un contexte historique fait tache. Le chef de l’État ne devrait pas pour autant démettre de ses fonctions le ministre de l’Éducation nationale qui est un pilier de son exécutif, comme le réclament plusieurs candidats. Mais d’ores et déjà, et malgré les déclarations officielles affirmant le contraire, Jean-Michel Blanquer a été mis au piquet. Le premier ministre, Jean Castex, assure depuis lundi dernier le service après-vente. C’est lui encore qui a reçu les syndicats de l’Éducation dans l’espoir d’apaiser une fronde gonflée de légitimité.
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