Facultative est la création par une commune d'une restauration scolaire pour les écoles primaires. Mais une fois que cette création est actée, la commune est tenue de garantir à chaque élève le droit d’y être inscrit, quel que soit le statut des parents par rapport au travail (l’article186 de la loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la citoyenneté). Mais ce droit ne peut être exercé quand le prix du repas (4,5 €) ne tient pas compte des ressources de la famille, ce qui est le cas à Troyes. Or le taux de pauvreté relevé par l'INSEE en 2018 est à Troyes de 28%, quand il est pour le national de 14,7%, et la crise sanitaire a aggravé la précarité.
Il y a donc bien une volonté politique de ne pas permettre aux enfants, qui sont les premières victimes de la pauvreté, d'accéder à un service essentiel, un repas sain et équilibré, au moins cinq jours par semaine. Car une bonne alimentation, ce n'est pas facultatif, et cela conditionne la santé future de l'enfant. On sait aussi que ne pas pouvoir mettre son enfant à la cantine pour des raisons financières peut entraîner pour un parent le fait de ne pouvoir accepter un travail ou une formation. Si bien que les conditions de précarité familiale s'accentuent encore.
N'est pas facultative, en revanche, la qualité du repas proposé. Et visiblement, provoquant la colère de parents, le repas froid fourni deux fois par semaine par la cantine scolaire troyenne s'apparente plutôt au maigre sandwich SNCF immortalisé par Renaud. Facultatif, dit l'adjointe au maire en charge du problème, les parents peuvent ne pas mettre les enfants à la cantine ces jours-là. Mais on retombe alors à la case départ : pour les parents qui travaillent, sont en formation ou en recherche d'emploi …
Rendre un problème facultatif pour s'en débarrasser, il fallait oser.
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