Tout est noir, la salle, la scène, les musiciens C’est la mode paraît-il, même les voeux nous arrivent sur papier suie. Tout est noir, même le programme, et de ce fait quasiment illisible. On distingue à la loupe le nom du nouveau chef, Pierre Saccchetti (1). Mais quand on le voit faire sa gym’ devant l’orchestre, on est rassuré, il est un peu là, le chef, son fitness nous fait du bien. Même sa musique en paraît émoustillée. Des chefs comme ça fringants et résolus, il en faut pour chasser la laideur des temps.Tout est noir, mais Pierre fait heureusement pétiller de mille feux la musique de l’orchestre. Le nouveau chef tient à respecter la tradition : pour souhaiter la bonne année il faut de la gaieté. Il est donc aller cueillir les pages les plus divertissantes du répertoire en Italie avec Rossini et Verdi, en Russie avec Chostakovitch et Khatchatourian. Et pour finir la tradition pure avec Strauss, celui des valses et des polkas, sans oublier la fameuse Marche de Radetzky qui ne bouscule plus la liberté des peuples (2), mais permet au public de taper dans ses mains.
Les oeuvres choisies ne sont pas faciles mais on a affaire à une formation aguerrie par 40 années nourries au biberon Millière, avec des amateurs passionnés et quelques solistes pointus qui ont permis l’accession de l’orchestre d’harmonie aux plus hautes distinctions nationales. Une asso que préside Sophie Renaudot (sous-directeur J.P Raphaël) a permis à l’ensemble de vivre en harmonie. Maurice Beugnon (flûte et membre du bureau) nous promet « beaucoup de satisfaction pour cette nouvelle ère. »
L’ancien chef Gilles Millière s’est retrouvé à allonger son trombone au sein de l’orchestre presque en catimini. C’est difficile de quitter la demeure qu’on a construite avec amour et talent.
1) Pierre Sacchetti remplace Gilles Millière (1981-2021) qui remplaçait Maurice Faillenot (1947-1980).
2) En 1848, le général autrichien Radetz est envoyé pour écraser le printemps piémontais (Les Cinq jours de Milan).
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