En 2021 aux USA, 20 millions de salariés ont démissionné, avec un pic en août de 4,3 millions ; le patron américain peut licencier sans préavis, mais le personnel peut aussi démissionner sans préavis. Et les conséquences sur l'économie sont telles qu'il y a des panneaux lumineux dans les villes et sur les routes avec des offres d'emploi, et qu'Amazon, connu pour mal traiter ses employés, offre directement 18 à 21 $/ h à ses nouveaux employés ( le salaire minimum fédéral est de 7,25 $ ). Une sorte de vent de panique a donc saisi des entreprises, celles des services essentiellement - distribution, restauration, transports, aide à la personne - où les conditions de travail et le salaire sont particulièrement mauvais. Qui en a parlé dans les grands médias ? Pour ne pas donner de mauvaises idées, peut-être...
En France, le télétravail, généralisé pendant le confinement, et la numérisation de l'économie ont entraîné un recul du salariat : le nombre d'entrepreneurs de moins de 30 ans a doublé, car le salaire n'est plus la seule motivation : ce sont de meilleures conditions de travail et de vie qui sont recherchées. L'exemple actuel des chauffeurs routiers est parlant : il en manquerait 40 000 selon les syndicats car les heures sont trop nombreuses et mal ou non payées, et les conditions de travail et de vie familiale ne sont plus acceptées. Leur pénurie va poser un problème majeur à l'économie française, car ils représentent 90 % du transport terrestre. Ainsi la crise sanitaire a-t-elle au moins le mérite de repréciser l'essentiel : le patron sans les travailleurs n'est rien, le capitalisme s'effondre s'il n'a plus de travailleurs à exploiter, et le travail est le coeur de la société. Le rapport de force en faveur des travailleurs existe actuellement comme jamais depuis longtemps, et ce n'est pas la misérable hausse de 0,9 % du SMIC qui risque de l'affaiblir.
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