Sous l’ex gendarmerie du quai Dampierre se trouvaient donc d'anciens thermes romains, peut-être publics, un must de la civilisation romaine, excellent produit d'appel que ces impérialistes de Romains avaient promu dans les villes conquises, avec le théâtre, l'amphithéâtre, bref tout ce qui permettait à la population, riche ou pauvre, de se distraire, de se cultiver et d'accepter cette colonisation d'après guerre. Les thermes étaient souvent luxueux mais ce luxe était à la portée de toutes et tous puisqu'ils étaient gratuits ou très peu chers. Les Américains ont fait la même chose après guerre : chewing-gum, sodas et cinéma hollywoodien pour vanter leur art de vivre, avec une nuance importante : tout était payant.
En 2021, toujours à Troyes, l'Est-Éclair du 14/12 relate la vie de Martine, une femme sans domicile qui a dû quitter l'abri-bus dans lequel elle « habitait » et qu'elle avait fini par appeler son chez elle ; une propriété d'usage, en quelque sorte. Elle a dû le quitter car le nouveau banc mis en service ne lui permet plus de s'allonger. Il a même été étudié et conçu dans ce but. Martine est une personne réservée, et, ne voulant pas des solutions qu'on lui propose, elle erre dans les rues en attendant de pouvoir retourner près de l'abri-bus. Il n'est pas question de dire que c'était mieux dans l'Antiquité, car la misère existait et le luxe à la portée du peuple avait toujours des visées politiques, celle de s'attirer sa bienveillance ou de le dépolitiser ; mais deux millénaires plus tard, en France, la devise républicaine est mise à mal et la pauvreté galope : selon l'INSEE, en septembre dernier, une personne sur cinq est en état de pauvreté monétaire ou de privation matérielle et sociale. Or la pauvreté qui exclut est une cause majeure de dépolitisation, un cri muet qui arrange bien les libéraux. Tant qu’il est muet…
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