En matière de transport, la privatisation du TER semble être la seule boussole politique de la majorité de droitede la région Grand-Est et de sonPrésident Jean Rottner.
Pourtant, même L'Union Européenne qui avait décidé d'ouvrir les lignes TER à la concurrence en 2023 a mis de l’eau dans son vin. Devant les résistances à cette décision et les échecs cuisants des privatisations du transport ferroviaire de voyageurs en Angleterre et de marchandises en Europe, le Parlement européen a atténué la portée du projet. Le gouvernement français a lui aussi modéré ses ardeurs en accordant aux régions un délai d'application de la directive jusqu'en 2033.
Il n’y a donc à ce jour aucune obligation immédiate d'ouvrir les TER à la concurrence. Bien au contraire, les modalités et les délais d'application permettent de se donner le temps du débat public, le temps d'évaluer les politiques d'ouverture à la concurrence qui ont lieu dans les télécommunications et l'énergie, le temps de consulter les citoyennes et les citoyens.
Comment s’étonner de la désertion des urnes si les décisions qui concernent leur quotidien et l'environnement leur échappent ?
Dogmatisme libéral
Malheureusement on comprend trop bien pourquoi, les libéraux et les sociaux libéraux qui se sont partagés le pouvoir en France ces dernières décennies n’ont pas envie d’ouvrir un tel débat. La casse de tout service public est intrinsèque à leur idéologie. Que cela soit l’électricité, le gaz, l’eau et maintenant la santé et les transports, tout ce qui peut être juteux pour les actionnaires des multinationales doit être privatisé.
On assiste alors à une flambée des prix afin de satisfaire les profits. Quitte à abandonner ce qui n’est pas assez fructueux, comme pour le désastre du Fret ferroviaire. Depuis son ouverture à la concurrence le Fret ferroviaire a été laminé, passant en dix ans de 700 000 wagons à 150 000 aujourd’hui. Le reste on le retrouve sur les routes dans les camions.
Dans les régions gérées par la gauche où bien souvent ce sont des élu.es communistes qui ont la vice-présidence aux transports, des actions sont mises en oeuvre pour repousser la privatisation, par exemple en signant des conventions de longue durée avec la SNCF comme en Bretagne et en Occitanie.
Réduction des coûts et privatisation comme seule boussole
Dans le Grand-Est, les élu.es communistes dans l’opposition portent une parole forte pour s’opposer aux orientations de la politique ferroviaire de la droite où l’avenir du Fret est quasiment absent. La majorité de droite semble enfermée dans le dogme de la rigueur budgétaire et cherche des solutions du côté de la réduction des coûts du transport ferroviaire et de sa privatisation.
L’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire est une question politique de la plus haute importance qui concerne notre qualité de vie, le climat, l'emploi et l'industrie. Il faut que les habitant-es de notre région s’emparent de cette question. Aucune majorité politique ne peut soustraire cette question au débat public.
1) Seule une entreprise publique unique peut assurer l'égalité d'accès aux trains sur le territoire en compensant les déficits de certaines lignes par les excédents sur d'autres. Avec la multiplication des opérateurs on privatise les profits et on socialise les pertes, ou bien on ferme les lignes « non rentables » donc on réduit le service.
2) La perte de qualité du transport ferroviaire que déplorent cheminots et usagers a pour cause le vieillissement du réseau et les suppressions d'emplois dues précisément à l'ouverture à la concurrence. Il y a besoin d'embaucher et d'investir massivement dans l'infrastructure. Loin de résoudre le problème, l'ouverture à la concurrence l'amplifie. Ce qu'il faut aujourd'hui c’est donner à la SNCF les moyens humains et financiers d’offrir un service de qualité répondant aux besoins des usagers.
3) La filière ferroviaire en France c’est aussi la fabrication des trains. Les commandes et le partenariat de recherche entre la SNCF et Alstom ont donné à notre pays de grandes capacités industrielles de production et d'innovation dans le ferroviaire dont le TGV. L'arrivée de nouveaux opérateurs et de probables nouveaux fournisseurs ne peut qu’affaiblir notre industrie ferroviaire.
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