Difficile d'échapper ces derniers temps aux images de violence du meeting de Zemmour. Violence des actes et du discours. Difficile aussi de ne pas se laisser envahir par l'émotion puisque ces images nous envoient en pleine figure une matérialisation du fascisme en France ; ailleurs nous le connaissions déjà. Un fascisme traditionnel, s'appuyant sur la mise en accusation de l'étranger ou de l'adversaire politique devenus ennemis d'une nation fantasmée. Et les femmes, qui étaient dans un texte précédent « le butin » de l'homme conquérant par nature, deviennent évidemment celles qu'il convient de défendre contre l'envahisseur musulman et de garder pour soi afin de perpétuer une nation immuable. Les médias ont évidemment relayé ces images de colère, de haine, de violence, pour certaine chaîne jusqu'à plus soif.
Pourtant la première préoccupation des Français n'est pas la peur d'une invasion, mais le salaire ou le revenu pour vivre ou continuer à vivre, correctement. L'augmentation du SMIC horaire brut de 25% en Allemagne et de 30% en Espagne - la ministre du travail est communiste - n'a pas eu les honneurs des chaînes de télévision. Pour ne pas nous peiner, sans doute, parce qu'il faut en France se contenter de 2,2% alors que selon l'estimation provisoire de l'INSEE, les prix à la consommation ont augmenté de 2,8% en novembre. Fabien Roussel promet, s'il est élu, une hausse de 20% du salaire brut, mais dans le camp opposé la droite annonce 10%, pris en réalité sur les cotisations sociales c'est-à-dire sur la protection sociale, et l'extrême droite 0%. C'est dire que la fameuse « valeur travail » dont se gargarisent Pécresse, Macron, Zemmour et Le Pen n'est pour eux que le taux d'exploitation maximal des travailleurs et, surtout, des travailleuses. Les éructations de Zemmour sont donc bien utiles car elles détournent l'attention de ce qui est en train de se passer : la destruction programmée de notre République sociale.
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