675 poilus ont été condamnés par les conseils de guerre et fusillés entre 1914 et 1918 lorsque l’armée française, malmenée, a voulu instaurer son autorité par la terreur, en installant des cours martiales.
Depuis lors, la France refuse de réhabiliter la mémoire de ces « non-morts pour la France », alors qu’elle honore des maréchaux comme Joffre, qui déclarait que « l’armée n’était pas à 200000 morts près ». Depuis cette époque, L’ARAC, le PCF, la Libre - Pensée cherchent à réhabiliter ces soldats.
À l’appel de la Libre - Pensée, a eu lieu samedi 13 novembre, une cérémonie au pied du monument aux morts des Noës sur lequel est inscrit « Guerre à la guerre ». C’est un cas rare. Dans l’Aube, seules les communes de Sainte-Savine, La Rivière de Corps et Balnot-sur-Laignes portent également des inscriptions pacifistes.
Jean Lefèvre est intervenu au nom du PCF :
« Chers amis,
Je voudrais vous lire un communiqué de l’ARAC, paru dans la Dépêche de l’Aube dont nous fêtons le centenaire. Il fut édité le 11 novembre 1922. L’ARAC, Association Républicaine des Anciens Combattants, a été créée en 1917 en plein conflit par des pacifistes dont Henri Barbusse ou Paul Vaillant-Couturier. Concernant les fusillés pour l’exemple que nous honorons aujourd’hui, il faut savoir que jusqu’ici tous les projets de loi déposés pour leur réhabilitation par les seuls députés et sénateurs communistes ont été rejetés.
Pour bien comprendre ce communiqué, il faut savoir que la gauche guesdiste, l’ARAC et le PCF refusaient de se rendre aux cérémonies officielles du 11 novembre, cet anniversaire rappelant trop les deuils et la misère, nourrissant des colères contre les profiteurs de guerre, les hauts gradés et le gouvernement. »
Le communiqué de l’ARAC du 11 novembre 1922 :
Tous les Anciens Combattants et membres de l’ARAC doivent considérer la journée organisée officiellement comme une fête non reconnue par le peuple et de ce fait doivent rester indifférents devant les mascarades qui sont préparées pour aujourd’hui.
Il ne peut y avoir de fêtes officielles pour les AC tant que les droits de ces derniers seront violés chaque jour, tant que resteront dans les bagnes militaires plus de 20 000 anciens soldats condamnés par les Conseils de guerre et que le valeureux Marty ne sera pas libéré de la prison de Clairvaux.
Le 11 novembre doit rester un jour de recueillement et non un jour de mascarades.
Par leur abstention, les anciens combattants antimilitaristes prouveront aussi leur mépris aux marchands de patrie qui pendant la guerre ont fait si bon marché de la peau des travailleurs et qui aujourd’hui font un battage honteux sur les cadavres de leurs victimes.
À bas la guerre. À bas la comédie sinistre. Vive la paix universelle
Et la Dépêche de conclure « Nous autres qui haïssons la guerre de toute notre âme, nous ne suivrons pas les retraites aux flambeaux, notre coeur est gros seulement de constater que le carnage a servi les intérêts de quelques forbans mais qu’il a meurtri toute l’humanité. »
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