Par D. Josse
Le capitalisme contemporain fait des choix très clairs pour maintenir son emprise et son expansion.
Selon The Costs of War Project, 2 313 milliards de dollars ont été dilapidés par Washington dans la guerre et l’occupation de l’Afghanistan, en partie pour nourrir le complexe militaro- industriel.
La guerre (ses atrocités, ses 240 000 morts, ses réfugiés jetés sur les routes de l’exil) a donc été une affaire rentable pour le capital.
Même si cela se traduit par un désaveu pour les États-Unis contrains de quitter le pays, et par de graves conséquences pour le peuple afghan laissé en pâture à l’extrême droite religieuse que sont les fanatiques talibans. Imaginons si l’humanité avait fait le choix d’utiliser ces richesses dans le développement. De quoi éradiquer la faim dans le monde, et commencer à assurer partout l’accès à l’eau potable, à l’assainissement, et l’accès à l’éducation de base…
Pendant que des dizaines de milliers de jeunes reprennent le chemin des manifestations à l’occasion des Fridays for Futur, que des pays agissent contre le réchauffement climatique (la Chine vient par exemple d’annoncer l’arrêt de l’exportation de projets de centrales à charbon, car polluants), quelques milliardaires avancent leurs pions dans la course à l’espace, en partie privatisée.
Un monde qu’ils veulent continuer de façonner à leur guise
Ils font miroiter d’illusoires courses aux matières premières extra-terrestre comme réponse aux enjeux de notre époque. Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, veut coloniser l’espace pour « sauver la terre » et y transférer une partie de l’humanité. « Si nous nous déplaçons dans le Système solaire, pour toutes nos activités courantes, nous avons des ressources illimitées ».
Voilà le projet fantasque du fondateur d’Amazon, entreprise qui émet chaque année plus de 50 millions de tonnes de CO2.
Dans l’immédiat c’est surtout le business spatial qui les intéresse. Il ne s’agit pas à travers ces lignes de rejeter les formidables et nécessaires avancées des connaissances et de la conquête spatiale. Mais plutôt d’interroger le modèle et les finalités de ce que des ultra-riches comme Musk, Branson et consorts imposent sans réel débat démocratique alors que cela concerne les peuples du monde.
Ils s’inquiètent de ce que leur propre système – dont ils sont le centre - produit. « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » disait Bossuet. Nous en sommes toujours-là.
Ils imposent leur réponse aux désordres d’un monde qu’ils veulent continuer de façonner à leur guise, loin des peuples, en vendant du rêve et de la poudre aux yeux.
Ce n’est pas un problème de technologie, mais de système politique et économique de prédation
Les révélations des Pandora Papers montrent l’étendue du désastre : 11300 milliards de dollars sont planqués dans les paradis fiscaux.
Il s’agit de démasquer ceux qui ânonnent à longueur d’antenne que les caisses sont vides, ou de dénoncer le chantage à la technologie de ces grandes entreprises transnationales et de leurs communicants qui promettaient d’éradiquer la faim grâce aux OGM. On sait ce qu’il en est.
Selon les récentes données des Nations-Unies, l’année 2020 est marquée par une augmentation de la sous-alimentation, l’Afrique subissant la plus forte hausse. Près de 10 % de la population mondiale a terriblement faim. Ce n’est pas un problème de technologie, mais de système politique et économique de prédation, de répartition des richesses.
Trois milliards d’êtres humains manquent de l’essentiel, alors que les 10 % les plus riches de la population émettent plus de la moitié du gaz carbonique.
Le système capitaliste et sa soif jamais étanchée de profit sont en cause
Pour maintenir les privilèges et les richesses folles de quelques-uns, les tenants de l’ordre ou plutôt du désordre économique actuel sont prêts à tout, y compris à détruire les hommes et la planète, à utiliser le levier de la guerre ou à instrumentaliser les forces les plus dangereuses que sont l’hydre islamiste ou l’extrême droite politique.
Le déchaînement de cette extrême droite en France et sa surexposition médiatique jusqu’à la nausée en sont l’illustration.
C’est dire l’importance de déjouer les pièges et d’inventer des perspectives de progrès, post capitalistes, pour des jours heureux, ici-bas et maintenant.
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