Chaque année, la cérémonie du souvenir du massacre de Creney est suivie par un nombre important de personnes et d’élus. C’est Rolande Barthélémy qui fut chargée de parler en premier, comme cela s’était toujours fait autrefois, Maurice Camuset ayant tenu à ce protocole en étant à la tête de l’ANACR.
Depuis la Libération, l’histoire de ce massacre fut racontée par l’abbé Pierlot, lui-même Résistant FTPF et par des témoins. Ce que le public ne savait pas, c’était la présence parmi les SS du colonel Pulmer (le chef des Einsatztruppen de Pologne) de sept Bretons, engagés dans la SS, la tenue, le langage, la férocité, le tout à l’avenant. Ils détestaient la République française et certains ne parlaient que le breton et l’allemand. Ils avaient commis en Bretagne les crimes les plus barbares.
Le public, donc, ne savait rien, de ce groupe autonomiste et collabo du Bezen Perrot dont 3 membres furent arrêtés à Colombey le 6 novembre 44. Interrogés, ils nomment des responsables : Chevillotte, Geffroy, Foix et Guillomar et un cinquième inconnu. Mais on obtient aussi le nom du donneur d’ordre Péresse qui mourra dans son lit à Munich. Or, la cuisinière affirme avoir vu sept SS et 2 officiers de la Gestapo. Reste donc à trouver le nom manquant. Magret peut-être.
Geoffroy, Chevillote (dit le loup) et Foix furent condamnés à mort pour d’autres faits. Geffroy fut fusillé en 46. Foix profita de la loi d’amnistie en 1953 et publia ses mémoires. Chevillotte disparut en Allemagne. Guiomar se réfugia en Irlande et devint, lisez bien, le représentant du comité de jumelage Lorient-Galway. Célestin Lainé, leur chef, présent à Troyes, s’installa en Irlande et comme Pulmer, assassin de milliers de juifs, moururent dans leur lit.
Cette affaire a été étudiée avec beaucoup de pertinence par l’historienne Françoise Morvan. Ce qu’elle nous apprend est terrible, cette vérité était connue depuis le début, mais il semble qu’elle n’était pas bonne à dire. Les historiens bretons ont travesti la vérité, ce qui abusa certains comme Roger Bruge (Le Temps des massacres).
Ajoutons que la guerre froide, dès 1947, permit à de nombreux collabos assassins de s’en sortir. Leur argument massue fut qu’ils avaient bien cassé du communiste pendant la guerre.
© 2024 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY