Si l'on comprend les protestations contre la brutalité du traitement du personnel soignant non vacciné, la pancarte « Liberté ! », sans autre complément, une des plus utilisées lors des manifestations anti passe sanitaire, pose question. De quelle liberté s'agit-il ici ? De ne pas se faire inoculer un vaccin dans lequel on n'a pas confiance, en espérant toutefois que les autres se fassent vacciner suffisamment nombreux pour créer une immunité collective et être ainsi protégé en retour dans l'attente d'un vaccin plus sûr ? De vouloir fréquenter tous les lieux ouverts au public et de vivre sans entrave et sans avoir à justifier du risque que l'on fait courir aux autres en période de pandémie ?
Il faut se rappeler, en 2020, quand il n'y avait pas encore de vaccin, les insultes voire les violences essuyées par des personnes qui, françaises ou non, étaient simplement d'apparence asiatique : réaction médiévale de certains à une pandémie sans traitement ni vaccin ; pas question de liberté à cette époque.
L'existence du vaccin change évidemment la donne et permet une prise de position individuelle que les centaines de morts, dans des conditions inhumaines, ne permettaient pas en 2020. Mais la question de la liberté doit toujours être universalisable : que devient la liberté que je revendique si tous la revendiquent ? En d'autres termes, si plus personne ne veut se faire vacciner, l'immunité collective ne sera pas assurée et les plus faibles mourront. Est-ce bien ce que j'accepterais ?
Boris Johnson avait envisagé froidement au début de l'épidémie de laisser faire les contaminations pour arriver à l'immunité collective ; il s'était ravisé assez vite devant le désastre en vies humaines et les risques qu'il faisait ainsi courir à son poste et à son parti politique. En l'occurrence l'intérêt individuel avait servi l'intérêt collectif.
On attend avec impatience la pancarte « Fraternité ! ».
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