SUAREZ, JAHAN, COURAU À LA MOPO

SUAREZ, JAHAN, COURAU À LA MOPO

13 août 2021
Catégorie(s) :

À vivre sous Macron, on se détériore, mais avez Jahan, Suarez et consorts on se revigore. Les consorts, en question, ce sont Leprest et Dimey, de la belle gouaille, du rap mélodieux, du cousu langue précieuse. La culture se tourmente et se lamente en ce moment. Elle a sur le dos le politique qui l’étiole, le franglais qui la viole (1) et un public pas très mariole qui préfère le gros sel de la rigolade sinon les sirupeuses chansonnades.

Autant vous dire que les « cultureux » ont du mal à se la péter. Les bretelles restent collées au plastron. Difficile de jouer la farce ou la tragédie sans boulot et le pass sanitaire qui menace. Pourtant, le Théâtre de la Madeleine a retrouvé l’Arlésienne et organise sa saison contre vents et pandémie tentant d’apporter à son public du spectacle salutaire et sagace. Et,qualité ne veut pas dire élitisme, n’en déplaise à certains qui ne jurent que par motets en cathédrales. Entre parenthèses, à lire le journal local, que deviendrions- nous s’il n’y avait pas les visites des églises ?

Le TM a donc convoqué Jehan au nom antique. C’est facétieux un nom pareil car son proprio s’en sert pour chanter les vers d’avant-garde d’Allain Leprest et de Bernard Dimey ; un Leprest qui balance sa sauvagerie en vers raffinés et bienfaisants ; un Dimey qui arbore son anarchisme alcoolisé de nostalgie. La voix de Jehan, c’est quelque chose à l’air pur du jardin de la MOPO (2). Quand on parle de spectacle vivant, c’est à la voix qu’il faut d’abord penser. Enregistrée, une voix se ratatine. Au soleil des festivals, elle se déboutonne. Jehan qui passe partout où il y a de l’humanité à rebâtir, possède ce talent inimitable qu’avaient les trouvères de jadis, Jehan Bodel ou Jehan de Condé.

Mais les trouvères ne possédaient pour les accompagner qu’une maigre harpe. Jehan a choisi un accordéon avec musicien attenant. Et quel musicien ! Lionel Suarez, personnalité hors pair d’un instrument, devenu par l’art d’artistes émoulus, un orchestre à lui tout seul. Autrefois décrié, l’accordéon fournit aujourd’hui à force de travail, de goût, de création, des interprètes étonnants. Suarez est de ceux-là, capables d’épouser les textes chantés, de les habiller de frais, de les habiter et de les conduire aux noces du succès. Avec son orchestre de poche, Lionel Suarez semble arracher les mots de Leprest et de Dimey de la gorge du chanteur. Une musique accoucheuse.

Le lendemain elle accompagna Clotilde Courau, par ailleurs princesse italienne (3), dans des lettres d’Edith Piaf. Succès garanti. Puis, le 3ème jour, Suarez picorait sur des textes de Christian Bobin. Puisqu’on avait l’orchestre, on en a profité. Même souci de dialogue efficace entre texte et musique et sans paraphraser. Du cousu mains Suarez et trois soirées sans une goutte d’eau dans un cadre rare. Bonheurs assurés.

(1) Parler la langue du maître américain à la place de sa propre langue française, c’est collaborer à notre disparition politique et culturelle.

Alain Borer

(2) Maison de l’Outil.
(3) Le Prince Emmanuel-Philibert, son mari, ne chante qu’en amateur, il gagne mieux dans la finance.

Partager l'article :

Les dernières actus

LE PCF PRÉSENTE SON PLAN CLIMAT

Urgence climatique Investissement conséquent dans les énergies renouvelables, relance massive du nucléaire, agriculture raisonnée, primauté du transport en commun, zéro artificialisation nette des sols, nouvelles filières industrielles pour la transition énergétique, pôle public financier permettant...

TCM NE COCHE PAS BEAUCOUP DE CASES !

Climat : les mauvais élèves de l’Aube - Troyes Champagne Métropole - Décarbonation Atteindre la neutralité carbone en 2050, comme le préconise le GIEC et la loi climat nécessite, c’est une évidence, l’engagement des collectivités...

CHAUFFE MARCEL !

Climat : Les mauvais élèves de l'Aube - Romilly sur Seine Un « poumon vert » annoncé depuis 2019 au lieu-dit « Le Petit Trou du Chêne », mais le dossier « demande à être...

EMPREINTE 2050, EXTRAITS...

Transports, logement, industrie, agriculture… Tous les secteurs économiques sont concernés par le plan climat du PCF. « Empreinte 2050 » montre que l’on peut atteindre les transformations économiques, sociales et culturelles qu’impose la neutralité carbone...
1 2 3 276

Vous ne voulez rater aucun numéro de la Dépêche ?

Abonnez-vous, vous recevrez chaque numéro dans votre boîte aux lettres.
Je m'abonne

© 2023 - La Dépêche de l’Aube

Création : Agence MNKY

magnifiercrossmenuchevron-down
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram