Impossible d'échapper au rire des quatre passagers du New Shepard qui sortent, inondés de bonheur, de la capsule qui leur a permis d'être trois minutes en apesanteur à 100 km de hauteur pour « observer la courbure de la Terre ».
Pour les deux frères Bezos, l'intérêt économique est évident : une belle publicité et une belle rentrée d'argent puisque la vente d’un billet aux enchères a atteint 28 millions de $ (mais, rassurons-nous, les prochains voyages ne coûteront que 200 ou 250 000 $).
Par ailleurs, Jeff Bezos déclare que s'il a décidé d'investir dans la conquête spatiale, « c'est pour installer les industries polluantes dans l'espace, car elles détruisent notre planète, et pour que la Terre reste une zone de résidence et de loisirs ». Question : qui travaillera dans ces industries polluantes, et donc dangereuses ? et qui profitera des loisirs sur Terre dans sa belle résidence ? Comment se fait-il que les patrons n'y aient pas pensé plus tôt...pour de l'externalisation, c'est de l'externalisation ! Autre question : Bezos, écolo auto- proclamé, pense-t-il que les 300 t de CO2 émises par ce vol de 10mn ne retomberont pas sur Terre ? Non, bien sûr, mais en bon libertarien il a l'habitude de se servir et d'être servi, sans se soucier des conséquences pour les autres : être l'homme le plus riche du monde, posséder Amazon, employant 1 million de personnes avec des conditions de travail déplorables, et détruire des milliers d'emplois, ne lui suffit pas : il rêve d'acheter l'espace et, d'une certaine manière, de privatiser la Terre. Les pauvres n'auront qu'à partir. Loin. Ce rire de Bezos est une obscénité.
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