OMBRE ET ESPOIR

OMBRE ET ESPOIR

La litanie des soirées électorales où l’on constate, béat, la progression du nombre d'abstentionnistes tourne cette fois à la sidération. Force est de constater que la politique ou, plus précisément, les politiques ont perdu une bonne part de leur crédibilité aux yeux de la majeure partie de la population. Dans l’ombre de l’abstention, il y a sans doute une colère légitime. Certainement aussi l’attente d’une lumière d’espoir qui tarde à se montrer.

Il y a bien entendu plusieurs raisons de fond à ce séisme démocratique qui mérite un grand débat national et, à mon sens, l’avènement d’une VIème République.

Il y a quelques évidences...
Notamment le fiasco des grandes régions dans lesquelles la population ne se reconnaît absolument pas. Qu’y a-t-il de commun entre l’Aube et l’Alsace ? En fait, l’objectif inavoué était de créer des régions de taille européenne, des monstres administratifs capables de relever le défi de la compétition économique internationale. Bref, de se concurrencer entre elles. Elles ont surtout éloigné plus encore les citoyen-nes de leurs élu-es et donc des lieux de décisions. À une autre échelle, le redécoupage des cantons en décalage avec l’espace de vie des citoyen-nes a produit la même confusion.

Et puis il y a une certitude

Dans cette profusion d’abstentionnistes, il y a la grande masse des électeurs de gauche, de cet électorat populaire qui s’est si longtemps reconnu, à juste titre, dans les grandes conquêtes sociales et dont la mobilisation électorale a permis les grandes victoires de la gauche qui lui font tant défaut aujourd’hui. Car ne nous y trompons pas, ni la France, ni l’Aube, ne sont devenues à ce point de droite, de cette droite libérale, conservatrice ou réactionnaire. Si, dans l’Aube par exemple, la droite et l’extrême droite relèguent la gauche à 20% des voix, c’est sans aucun doute parce que, plus encore que l’ensemble des électeurs, ceux de gauche ont perdu confiance. Non pas en leurs idéaux, mais en les femmes et les hommes politiques qui incarnent la gauche. C’est une certitude : ils restent convaincus que si demain il y a le retour  « des jours heureux », ils viendront à coup sûr de la gauche et d’une gauche avec une puissante composante communiste.
En attendant, n’ayons pas peur des mots, car il nous faut nommer les choses pour mieux s’en défendre : le Parti socialiste porte une écrasante responsabilité dans ce marasme politique dans lequel sont plongées les forces de progrès. Certes, il le paie à son juste prix. Le grand parti de la gauche est devenu un parti exsangue à l’influence électorale à peine plus élevée que les autres forces de gauche. Mais le séisme de ses multiples trahisons provoque encore des répliques mortifères propres à dégoûter les plus vaillants. Celle de la semaine dernière, entre les deux tours des régionales, restera dans les annales. Ressortis d’outre-tombe, Valls et Huchon (ancien président socialiste de la région Île-de-France) se sont sentis obligés d’appeler à voter Pécresse contre la liste de rassemblement de la gauche. Cette nouvelle frasque illustre presque à elle seule la dérive de ce parti.
Tout aussi pathétique, celle de Marc Bret, leader socialiste aubois qui est passé avec armes et bagages dans les rangs de la droite, et qui aura tenté de se faire passer jusqu’au bout pour un homme de gauche. Il va terminer en beauté en cédant son siège à mi-mandat à son suppléant des Républicains, sans un regard pour ses anciens camarades socialistes.

En disant cela, je pense aux milliers de militant.e.s du quotidien

Aux centaines de femmes et d’hommes qui se sont engagés dans ces élections avec beaucoup de conviction et de sincérité et qui, malgré la défaite, vont poursuivre le combat. Je pense à toutes ces électrices et électeurs qui sont restés fidèles malgré tout, et à toutes celles et ceux qui aujourd’hui encore s’abstiennent en attendant que s’ouvre un chemin d’espoir. Certes, ils ont déposé leur arme électorale, mais ils restent convaincus que le nouveau projet de société dont notre pays a besoin ne se construira pas sur la base des politiques libérales et conservatrices, voire xénophobes, aujourd’hui électoralement dominantes.

Toutes et tous attendent de la gauche qu'elle parle clair, qu’elle ne se renie pas

Qu’elle soit sans ambiguïté ni confusion. Si la population a le sentiment que la gauche parle comme la droite, alors elle continuera à s’abstenir et les idées réactionnaires continueront à se développer. Lorsque les propositions et la démarche sont claires à gauche, alors localement le rassemblement est possible et les électeurs redeviennent attentifs à ce que nous disons. Cela a été le cas pour les élections départementales dans l’Aube. Le rassemblement du PC, du PS, de Génération.s, des écologistes avec des citoyen-nes hors parti, a permis de renouer avec une certaine crédibilité. Cela a déjà permis le retour de deux élu-es de gauche sur les bancs du Conseil Départemental. On attend maintenant d’eux qu’ils brisent l’entre soi des élus de droite et qu’ils démontrent publiquement et clairement qu’il y a une alternative d’intérêt général à la politique conservatrice et libérale que la droite impose aux Auboises et aux Aubois.
Cette nouvelle position au Conseil Départemental, conjuguée à des prises de positions tout aussi claires des élu-es de gauche qui siègent à Troyes Champagne Métropole, doit redonner de l’espoir et coeur à l’ouvrage aux militant-es aubois associatifs, syndicaux, politiques qui le méritent tant et confortera celles et ceux qui se sont engagés avec force dans le collectif  « Oxygène ».

Si tel est le cas, alors la reconquête politique citoyenne, de la gauche et des écologistes dans l’Aube pourra commencer.

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