L’abstention s’est mise à grignoter l’espace citoyen, lentement, régulièrement, ignominieusement.
Tout comme le racisme, elle a pris tranquillement de l’ampleur et s’est mise à parler dans les micros, affirmant qu’elle est un droit, que dis-je, une liberté.
Tous les élus évidemment la condamnent tout en flattant les abstentionnistes dans le sens du poil. Un maître en la matière, c’est Xavier Bertrand, ex-ultra sarkoziste, qui a parlé de la misère et de l’exclusion mieux que l’abbé Pierre.
L’abstention a été alimentée, distillée goutte après goutte par l’extrême droite qui a désigné les « tous pourris » (sauf elle), surfé sur les scandales et la corruption qu’on retrouve d’ailleurs au plus haut niveau de l’État. S’est invité aussi dans le débat, le « ni droite-ni gauche » macronien qui nous apporté la confusion et des Bret et des Girardin.
Comme pour la renforcer, le système capitaliste a inventé depuis longtemps l’individualisme. C’est une doctrine qui promet le bonheur si chacun sait se transformer en petit bosseur (genre stakhanoviste), concurrent du voisin, qu’il faut écraser au besoin tout en méprisant les syndicats et la solidarité qui n’est, disent-ils, que le refuge des faibles.
Maintenant, 30 millions d’inscrit.e.s n’élisent plus rien, ils sont hors sol démocratique. Or, moins les élus seront légitimes, plus ils seront rejetés. Et plus le peuple se sentira abandonné, plus on pourra le manipuler. N’est-ce pas la porte ouverte à l’aventure ? Je me suis fait mon mot d’ordre plus républicain que libertaire : ABSTENTION PIÈGE À CONS ! Ou plus poliment : ABSTENTION, ATTENTION !
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