Cette année une foule importante a assisté aux cérémonies qui se sont tenues entre le hameau de la Rue Chèvre (Sormery) et le monument de la Mivoie (Nogent en Othe). Textes lus, poèmes récités par les enfants de Saint-Mards, discours du maire de Sormery, de Patricia Bizzari (ANACR), d’Yves Fournier (Président de l’ANACR du pays d’Othe) et d’Antoine Gueben dont nous donnons quelques extraits, furent les temps forts de la journée. Une plaque fut installée au pied du monument de la Mivoie, en l’honneur de notre camarade Fernand Ibanez dont les cendres avaient été répandues en ce lieu. Un mot de remerciements de sa compagne apporta une conclusion à cette émouvante cérémonie.
« Nous commémorons comme chaque année la mémoire de ceux, qui il y a 77 ans, ont sacrifié leur vie en prenant les armes contre l’occupant dans cette forêt d’Othe…
Le Général de Gaulle dans ses Mémoires de guerre a reconnu que tous ces résistants anonymes, avaient permis de pouvoir imposer aux alliés que la France soit reconnue dans le camp des vainqueurs.
De milieux sociaux différents, de convictions différentes, ils s’étaient tous retrouvés dans ce combat pour leur liberté propre mais bien sûr au-delà pour la liberté et les valeurs humanistes.
C’est dans cet état d’esprit que sera rédigé le programme du Conseil National de la Résistance, le CNR qui s’était fixé pour tâche d’organiser après la guerre je cite « un ordre social plus juste. »
Dans ce programme figuraient entre autres les termes de démocratie, de suffrage universel, de liberté de la presse, de Sécurité Sociale, de protection de d’emploi, et le droit à la retraite.
Dans les années 50, l’Union Européenne devait nous mettre à l’abri des dérives nationalistes. L’espoir d’un avenir radieux semble bien loin en 2021, les avancées sociales de l’après guerre sont remises en cause et le renoncement a fait place à l’enthousiasme.
L’effacement des clivages politiques classiques laisse aux citoyens un non choix entre une politique ultra libérale de plus en plus assumée et celle d’une extrême droite dont les discours ont prouvé dans l’histoire les horreurs qu’elle engendre.
Que penser du fait que le parti au pouvoir n’ait rassemblé les voix que de 20% du corps électoral, lui qui se représente demain comme le seul rempart aux populistes de droite ?
Cette crise morale, sociale, économique, la perte des idéologies progressistes laisse un pays qu’on appelait le peuple des lumières, livré à un avenir est de plus en plus sombre.
Qu’est devenu ce peuple de France sublimé par ceux que nous honorons avec des mots convenus et une compassion de bon aloi.
L’organisation de cette cérémonie, nous donne bonne conscience mais la situation politique est une insulte à leur mémoire.
Qu’avons-nous retenu de ce jour du 20 juin 1944 date de l’attaque de ce maquis ou 27 d’entre eux nous offrirent leur vie pour des valeurs aujourd’hui bafouées ?
Cette cérémonie n’a de sens que par la présence des enfants à qui nous nous devons de rappeler inlassablement les raisons du combat de ces hommes, qui reste malheureusement d’actualité. »
Antoine Gueben, maire de Nogent en Othe
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