Les médias regardaient ailleurs mais des milliers de personnes ont défilé à Athènes le 6 mai parce que le parti conservateur au pouvoir, Nouvelle Démocratie, veut réformer la réglementation sur le temps de travail, pour « s'adapter aux besoins réels des employés d'aujourd'hui ». Et quels seraient ces besoins réels ? « Que les salarié.e.s puissent négocier avec la direction la possibilité de travailler plus d'heures pendant une partie de l'année et de prendre ensuite plus de congés » selon le ministre du travail. Il oublia de dire que cela donne le droit à l'employeur d'exiger autant d'heures supplémentaires qu'il en veut, et que la plupart ne seront pas payées. Le projet de loi vise aussi à permettre aux salarié.e.s de voter à distance pour décider d'une grève et à supprimer la négociation collective. Quant aux recours éventuels, les mécanismes d'inspection du travail ont déjà été démantelés.
L'UE se sert de la crise sanitaire pour adosser un prêt de relance à la Grèce à ces mesures qui ne font qu'amplifier la destruction du droit du travail initiée avec la crise de 2008. Tout doit disparaître : durée maximum de travail, syndicats, contrat de travail sécurisé, code du travail. Le but est évidemment de détruire ce qui a été conquis, au profit du patronat et du capital. Un pays désindustrialisé comme la Grèce est un laboratoire rêvé pour l'UE. La France, désindustrialisée elle aussi, ne l'est pas moins : le gouvernement français, pour obtenir le prêt de relance, s'est engagé, très volontiers, à réaliser la réforme de l'assurance chômage et à reprendre celle des retraites. La Commission européenne y veille, comme elle veille sur chacun des pays de l'UE, et les médias regardent ailleurs quand un peuple se révolte. Il ne faut pas réveiller les autres.
© 2023 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY