« La santé ne doit pas être pratiquée comme un commerce » C'est avec ces mots que l'Ordre des Médecins a exprimé sa colère face à l'implantation d'une cabine de téléconsultation dans le Monoprix de Troyes et dans un Monoprix de Paris. Jusqu'ici la téléconsultation pouvait se faire de chez soi ou dans une pharmacie, justifiée par le désert médical ou la pandémie ou les deux. Installer cette cabine dans un lieu uniquement dédié au commerce, c'est-à-dire aux transactions financières permettant d'obtenir des biens de consommation, apparaît à l'Ordre des Médecins comme un scandale.
Et pourtant : si l'on va à l'hôpital public pour prendre rendez-vous, on sait très bien que certains praticiens proposent des rendez-vous plus rapides en secteur privé, à l'intérieur de l'hôpital ; plus coûteux évidemment ; c'est donc la capacité de payer ce surcoût qui assurera peut-être la guérison parce que la maladie sera prise à temps. D'une certaine manière la santé, dans ce cas, a un prix et devient donc une marchandise.
C'est aussi ce qu'ont très bien intégré les Pfizer, Astra Zeneca et Johnson & Johnson, qui en pleine pandémie ont dépensé 21,4 milliards d'euros en dividendes ou rachat de leurs propres actions pour en faire monter le cours. Ils auraient pu avec cette somme fournir des vaccins au continent africain, mais non. Les vaccins vont à ceux qui paient. Et Pfizer envisage même de multiplier par 10 le prix de son vaccin car avec l'arrivée de nouveaux variants, il semble le plus efficace ; il serait dommage de priver les actionnaires d'une telle manne ! Le gouvernement du Brésil songe aussi à faire une loi qui privatiserait l'achat et la distribution de vaccins contre la Covid, autant dire que les pauvres n'y auraient pas accès. En fait, à qui s'adresse le Conseil de l'Ordre des Médecins dans sa phrase : « La santé ne doit pas être pratiquée comme un commerce » ?
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