Bruno Le Maire, constatant mardi que la crise sanitaire avait généré 100 milliards € d'épargne et prétendant que tout le monde avait épargné - qui a pu lui dire cela ? - préconise, pour relancer l'économie, la donation sans imposition de « quelques milliers d 'euros » des grands-parents aux petits-enfants, au titre de la solidarité intergénérationnelle. « Zéro taxe, zéro impôt pour quelques milliers d'euros, pas plus. Il ne s'agit pas de faire une politique qui bénéficierait uniquement aux catégories les plus aisées de la population française ». Cela, c'est déjà fait : depuis le 31 juillet 2020 et jusqu'au 30 juin 2021 les dons d'argent jusqu'à 100 000€ à un enfant, petit-enfant, voire arrière-petit-enfant, sont exonérés d'impôt si cet argent est affecté à la construction d'une résidence principale, à des travaux énergétiques ou à la création ou au développement d'une petite entreprise. Mais il y a eu peu d'échos… les vacances sans doute...
Il a oublié de dire aussi que 20 % des ménages, les plus riches, ont cumulé 70% de cette mirobolante épargne. Que les ménages les plus modestes, à cause du travail précaire ou du chômage partiel ont tapé dans leur épargne, quand ils en avaient, ou se sont endettés et se sont donc appauvris considérablement. La solidarité dont il parle est donc celle d'une classe, qui, au détriment de l'autre classe, a toujours pratiqué cette « solidarité », renforçant ainsi la transmission et l'accroissement du capital dans les mêmes mains. La vraie solidarité aurait été de donner, par exemple, le RSA aux jeunes de 18 à 25 ans : refusé pour « ne pas encourager l'assistanat », car le capitalisme se veut moral... De quelle classe viendront alors « les quelques milliers d'euros » qui lui paraissent somme négligeable ? La réponse est dans le « quelques ».
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