Le comité d’éthique de la Commission européenne a absous José Manuel Barroso, qui a été embauché par la banque Goldman Sachs.
À ceux qui penseraient que la Commission européenne est trop liée aux intérêts du secteur financier, le comité d’éthique de l’exécutif de l’Union européenne vient de répondre : « oui et alors ? ». Ce comité avait été appelé à se prononcer par Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, sur le cas de l’embauche de son prédécesseur, José Manuel Barroso, par la banque états-unienne Goldman Sachs.
Cette évolution de carrière, en juillet dernier, avait suscité une vague d’’indignation, matérialisée par une pétition qui avait recueilli plus de 150 000 signatures. Et pour cause. Goldman Sachs est l’une des banques à l’origine de la crise financière de 2008, que Barroso a dû affronter alors qu’il était chef de l’exécutif de l’UE. Pire, cette banque d’affaires avait participé au maquillage des comptes publics de la Grèce, en masquant, par un tour de passe-passe comptable, les dettes hellènes. À la manoeuvre, pour Goldman Sachs Europe, un certain Mario Draghi... promu depuis président de la Banque centrale européenne (BCE).
Pour le comité d’éthique, qui a rendu sa décision en début de semaine, Barroso n’a pas enfreint les règles de l’UE en acceptant l’emploi de Goldman Sachs. La « période de refroidissement » de dix-huit mois, pendant lesquels, rémunéré, un ancien commissaire européen ne peut travailler sur les dossiers sur lesquels il a dû se pencher, est « respectée », selon le comité. À peine, celui-ci concède-t-il que « M. Barroso aurait dû être conscient et informé qu’en agissant ainsi, il déclencherait des critiques et risquerait de nuire à la réputation de la Commission et de l’Union en général. » Ce comité avait été pourtant créé pour lutter contre la pratique du “pantouflage”, d’anciens commissaires ayant déjà été recrutés par Uber ou Ryanair.
« Il ne revient pas au comité de savoir si le code est suffisamment strict » s’est-il excusé, espérant prendre les devants des critiques. Toutefois, les membres du comité semblent comprendre les raisons de Barroso : « son expérience et ses connaissances sur ces matières seront précieuses pour Goldman Sachs. » Une belle Lapalissade, car c’est peut-être justement pour cela qu’ils l’ont embauché !
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