LA GUERRE AUX CHOMEURS

LA GUERRE AUX CHOMEURS

25 novembre 2022
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Assurance chômage

Après un mois de concertation bridée avec les organisations syndicales et patronales, le ministre du Travail, O. Dussopt a dévoilé les contours de sa très décriée réforme de l’assurance-chômage : dès février 2023, la durée d’indemnisation des privés d’emploi diminuera d’un quart. Une réforme unanimement décriée par les syndicats.

Derrière le terme trompeur de « réforme » de l’assurance-chômage, il y a une philosophie honteuse et une logique destructrice. Une philosophie honteuse parce qu’elle se garde bien de s’avouer qu’elle consiste à faire des salariées et salariés des variables d’ajustement des politiques économiques dominantes. Une logique destructrice parce qu’il s’agit de s’attaquer, concrètement et idéologiquement, aux bases de ce qui a été une conquête sociale majeure face à l’emprise du capital.

« Le travailleur libre qui se rend sur le marché libre pour y vendre sa peau, écrivait Marx, doit s’attendre à être tanné. » Tanné, exploité, licencié, au gré des choix d’investissement, des promesses de rentabilité pour les actionnaires, des licenciements boursiers… L’économie capitaliste ignore le bien public. Face à cela, l’assurance-chômage n’est pas une grâce que fait l’État aux travailleurs sans emploi. Elle est un partage, une mise en commun. Comme la Sécurité sociale, elle est une conquête de la solidarité dans le monde du travail. C’est aussi cela que le gouvernement veut saper.

Le message est clair. Il n’y a qu’à traverser la rue pour trouver du travail au lieu de s’installer dans le confort que procurent les indemnités. C’est un procès, une stigmatisation et un chantage. Et peu importe si les emplois non pourvus dont on nous rebat les oreilles ne sont que 300 000 au regard des 3,2 millions de chômeurs de catégorie A.

À eux, quand on nous dit que la situation économique est favorable, de la traverser, cette rue, aux conditions des employeurs, et de s’en dire bien heureux. Comme s’il s’agissait, en économie, de la pluie et du beau temps.

La régression qui est en jeu est une violence contre les précaires, les plus modestes, elle vise à soumettre le monde du travail et la façon dont elle a été validée et anticipée vise à soumettre la représentation nationale et la démocratie. La réforme a été votée avec, pour le coup, l’appui sans surprise des « Républicains », avant même que son contenu soit présenté au patronat, qui ne saurait s’en fâcher, et aux syndicats appelés au mieux à discuter des modalités de sa mise en oeuvre. C’est un coup de force, du moins une tentative.

 

 

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