Tony Blair aurait-il décidé de participer, à sa manière, à la prochaine campagne de la présidentielle ? On pourrait le croire en lisant la tribune de son bras droit, Denis Macshane, dirigeant travailliste et ancien ministre des Affaires européennes, dans “Le Figaro” du 23 avril. Le bonhomme n’a pas du tout apprécié la lutte anti-CPE ; il ne comprend pas pourquoi le pouvoir “s’est incliné devant une poignée d’étudiants et un quarteron de leaders syndicaux” ; il n’a pas goûté non plus que Paris “s’oppose à la directive sur les services” et “rejette la constitution européenne”.
Enfin, il a été franchement choqué de voir “la hiérarchie socialiste défiler avec Marie-George Buffet”. C’est comme “assister à un défilé de la IIIè et de la IVè internationale. Au XXIè siècle.”
Sic ! Il propose donc aux Français de suivre le modèle anglais. On a connu au Royaume-Uni ce genre d’agitations, dit-il, quand les travaillistes étaient “alliés aux syndicalistes communistes et aux étudiants trotskistes” mais Tony Blair “a éradiqué la pensée rétrograde” ; il “a mis au rancart” les contestataires ; “les activités communistes et trotskistes ont été expulsées et marginalisées. C’est radical et même brutal mais nécessaire”. Vraiment, il ne faut pas que “les élites du PS soient gênées de s’inspirer des bonnes réformes du Royaume-Uni”, même “au prix de manifestations et de grèves”.
Question : quand Ségolène Royal vante “la vision mobilisatrice de Tony Blair”, veut-elle nous dire qu’elle a entendu ce message ?
Gérard Streiff