C’est dans le mouvement qui conduit au Congrès National de Tours (25 au 30 décembre) que paraît, le mardi 7 décembre 1920, le premier numéro de « La Dépêche de L’Aube » - Journal Quotidien du Monde du Travail - indique alors son titre qu’accompagne la citation d’Anatole France « L’union des travailleurs fera la Paix du monde ».
Fondée par des travailleurs, pour leur service exclusif
La lutte contre la guerre est une des valeurs fondatrices du journal qui ne sera jamais trahie. La Dépêche remplace avec une ambition beaucoup plus grande l’hebdomadaire « Le Travailleur » dernier titre d’une série de journaux(1) qui avaient été édités depuis 28 ans par les organisations ouvrières et socialistes dans l’Aube. Le tout nouveau quotidien d’un grand format (60x40) ne comporte que 2 pages mais annonce d’emblée son prochain passage à 4 pages. L’administration et la rédaction sont situées à la Bourse du Travail de Troyes.
Le journal est tiré par « l’Imprimerie coopérative de l’Aube », une association ouvrière, sise 42 rue de la Monnaie à Troyes. L’ours du journal précise que le travail est « exécuté entièrement par des ouvriers syndiqués ». Julien Grée est le premier gérant. Le quotidien est vendu 15 centimes en kiosque et par des militants ainsi que par abonnement (40 Fr l’an). Le lundi est le seul jour sans parution.
Les moyens restreints de l’Imprimerie Coopérative de l’Aube ne permettent alors ni d’éditer le journal sur 4 pages, ni même de fournir l’ensemble des dépositaires de journaux ce qui occasionne quelques récriminations de militants impatients de pouvoir disposer de leur journal pour mener le combat de classe. Pour sa rédaction « La Dépêche de l’Aube » s’assure le concours de militants socialistes et syndicalistes qualifiés de la région. René Plard est chargé du secrétariat de la Rédaction.
Edmond Lagrange, secrétaire de la Fédération des Coopératives de l’Est, apporte sa contribution.
La Libre Pensée dispose d’une Tribune régulière. Les six premiers numéros explicitent les objectifs de La Dépêche de l’Aube : « …Fondée par des travailleurs, pour leur service exclusif, sans chaînes, elle ne se laissera pas influencer par les forces capitalistes, non plus que par l’action gouvernementale. Elle analysera les faits économiques pour en tirer un enseignement utile. Elle recherchera avec soin les causes profondes du malaise dans lequel se débat la Société ; elle exposera les solutions particulières à chaque problème, et la solution suprême qui est la transformation sociale…(2) ».
Une équipe de la Dépêche déterminée
L’actualité politique nationale, internationale et parlementaire, la vie sociale, les informations générales et locales sont effectivement traitées avec le point de vue assumé du combat en faveur de la classe ouvrière. Et, toutes les rubriques d’un vrai journal sont là : les faits divers, l’Etat civil, les petites annonces, la « réclame » comme on appelle alors la publicité…
Les débuts se font avec des moyens limités mais l’équipe de la Dépêche et tous ses amis sont déterminés à surmonter les difficultés. Ils lancent donc une souscription populaire et permanente pour assurer la vie de la Dépêche et aussi se doter d’un outil de production performant.
L’imprimerie « L’Emancipatrice » ne tardera pas à voir le jour…
(1) Chronologiquement : Le Socialiste Troyen, Le Réveil des travailleurs, L’Eveil des Travailleurs, La Défense des Travailleurs et finalement Le Travailleur.
(2) Extrait de l’éditorial du n° 1 de la Dépêche de l’Aube
Pierre MATHIEU