On a raison de défendre la laïcité si ça ne consiste pas à mettre la neutralité à la place. Samuel Paty était un vrai laïque lorsqu’il défendait la liberté de conscience qui est le droit d’avoir une opinion, le droit de croire ou de ne pas croire. Le droit de se moquer des religions, des philosophies et des idéologies. Et de le manifester publiquement. S’en moquer certes, tout en respectant les individus qui ont ces sentiments et convictions. Enseigner aux élèves ces libertés fondamentales, c’est, on vient de le voir, un combat qui est loin d’être neutre et qui peut mener à la mort.
Mais, soutenir la liberté de conscience c’est aussi libérer les consciences, car c’est éveiller l’esprit critique, combat permanent chez les scientifiques et au-delà, chez les citoyens qui rêvent d’une société plus juste. « Il y a des épaisseurs dormantes où croupissent les esprits » écrit Jean Jaurès (lettre aux instituteurs).
C’est aux enseignants laïques de les combattre pour leur montrer « la grandeur de la pensée, en ayant une idée très haute de l’histoire de l’espèce humaine. »
Je ne suis pas sûr que notre démocratie qu’on dit libre ait pour souci l’enseignement de ces valeurs fondamentales. Je sais en tout cas qu’elle ne lui en donne pas les moyens, car l’école, malgré l’engagement des maîtres, ne parvient pas à réduire les inégalités ni à écarter les discriminations, ce terreau qui alimente les colères.
Jean LEFEVRE