Vous avez entendu ici ou là toutes ces idées que nous combattons bien entendu : « Il y a trop d’État, on n’est pas libre de produire. D’ailleurs l’État c’est un état communiste ( ! ) il ne fait que distribuer. Il assure la survie de ce qui n’est pas viable. Il fait prospérer le malade et l’incapable. Il entrave les forces vives en nourrissant les fonctionnaires tatillons et serviles. Halte à la bureaucratie ! Terminons-en avec les idéologues de gauche et les syndicalistes. L’âge du marxisme, doctrine juive par excellence est révolu. L’idée selon laquelle la société est composée d’individus traversés par des conflits de classe est une aberration née chez Rousseau puis chez Marx et les judéo-bolcheviques allemands et russes. Etc. »
Ces idées jugées a minima réactionnaires ont été distillées par des mouvements populistes, poujadisme, et bien sûr aujourd’hui lepenisme qui refusent l’idée de lutte des classes et proposent une société « apaisée » prônant la coopération patrons-ouvriers, riches-pauvres, droite-gauche. Ces idées, on les trouve encore chez Denis Kessler qui voudrait jeter aux orties le fameux programme du CNR de 1945.
Ces idées sont, oh ! surprise, répertoriées dans un livre explosif de l’historien Johann Chapoutot.(1) Ce sont, ( la surprise n’est que pour les naïfs ) celles des nazis. Et Chapoutot de montrer comment les intellectuels nazis ont pu, après guerre, recycler leurs idées dans le domaine du management en particulier, former des milliers de cadres et organiser l’économie capitaliste moderne en extrayant les idées manageuses qui furent appliquées alors, certes avec outrance et cruauté, mais selon un processus et une philosophie identiques.
(1) Libres d’obéir, nrf essais, Gallimard.