La dévastation de Beyrouth, capitale d’un Liban englué dans la pire crise économique de son histoire récente, provoque un élan de solidarité internationale. Populaire ou officielle, la mobilisation offre un message d’espoir et de soutien aux Libanais. C’est déjà beaucoup.
Mais le récent « show » de Macron à Beyrouth soulève le coeur. On ne peut s’empêcher de penser que la juteuse reconstruction de la capitale libanaise et de son port lui trottait dans le ciboulot. Le VRP des Vinci, Bouygues, Bolloré et Cie n’a pas pu attendre que l’onde de choc soit entièrement dissipée pour demander au Liban des « réformes », dont celle du secteur électrique.
Depuis des années, en effet, Paris a les yeux de Chimène pour la privatisation d’Électricité du Liban (EDL). Le port de Beyrouth, lui, figurait en bonne place, dès avant la catastrophe, sur l’inventaire des biens publics à « liquider » pour rembourser la dette du pays. Quant à ses appels à transformer le système politique confessionnel du Liban, au-delà du caractère colonial de l’injonction, la France, alliée féale du camp chrétien et de l’ultra-riche dynastie politique Hariri, n’est pas la mieux à même de favoriser ce changement. Le Liban se relève à peine de quinze ans d’une guerre civile ardemment tisonnée en sous-main par des puissances étrangères... dont Paris. Pour aider réellement le Liban, Macron pourrait, par exemple, se mobiliser contre les sanctions économiques illégales de Washington. Ou se pencher sur le sort des 1 à 1,5 million de réfugiés syriens dans ce pays de 5,5 millions d’habitants.
A Beyrouth, en versant à côté des gravats des larmes de crocodile, le démarcheur de commerce ne faisait que distribuer des cartes de visite.