Geberit, leader de la fabrication de sanitaires,
emploie 12 000 salariés, principalement en
Europe. Cette multinationale, une des plus
profitables au monde, avec une marge de
25%, plus du double de la moyenne, a
décidé de fermer l’usine Allia de La
Villeneuve-au-Chêne qui était bénéficiaire.
Celle de Digoin, en Saône-et-Loire, a été rendue déficitaire en lui
retirant quasiment deux tiers de sa production.. En tout, 257 salariés
et leurs familles sur le carreau ! Sacrifiés sur l’autel du profit
via une délocalisation dans une usine portugaise qui est dans l’incapacité
d’absorber la production des usines françaises. Mais peu
importe, la Portugal a deux lois El Komri d’avance sur nous. Dans
ce paradis low-cost, avec son Smic bloqué à 600 euros par la droite
et sa législation taillée sur mesure pour le patronat, où les ouvriers
peuvent travailler jusqu’à 14 heures par jour, tout est permis. Un
syndicaliste de la confédération générale des travailleurs portugais
(CGTP), présent à Troyes la semaine dernière, déclarait que « la
moitié des ouvriers souffrent de troubles psychiques ou musculosquelettiques
car ils travaillent dans des conditions indignes ».
La trahison du gouvernement socialiste
Les salariés d’Allia, conscients qu’une riposte “franco-française”
ne suffira pas pour sauver leurs emplois, ont entamé une tournée
des autres sites européens. Après avoir envahi le siège social de
Geberit dans la banlieue de Zürich, ils ont fait le déplacement à
Lisbonne, dans une usine de production où, reçus par le syndicat
CGTP, ils ont pris connaissance des terribles conditions de travail
qui y sont imposées.
Jeudi dernier, ils étaient aux tribunal des Prud’hommes de Troyes
afin d’obtenir la requalification en CDI des contrats de quinze intérimaires,
au motif qu’ils occupent, depuis des mois, des postes
clés sans lesquels l’usine de la Villeneuve-au-Chêne ne tournerait
pas. La fermeture d’Allia est un nouvel épisode de la triste chronique
de la casse de l’industrie française prise dans les griffes des
prédateurs du capitalisme financier. La trahison du gouvernement
socialiste a ouvert une brèche béante dans laquelle risquent de
s’engouffrer allègrement la droite et l’extrême droite si, par malheur,
demain, ils arrivent au pouvoir.