Ces derniers jours les médias, encouragés par la droite et l’extrême
droite, se sont déchaînés contre Fidel Castro de façon
inouïe. Les mêmes ferment les yeux sur Guantánamo, la monarchie
saoudienne ou Erdogan, comme ils ont fermé les yeux, dans
le passé, sur Pinochet, Ben Ali ou Moubarak.
Droite et extrême droite ont soutenu toutes les dictatures d’Amérique
du sud. À Cuba, la torture n’a jamais été utilisée. On tranchait
les mains des poètes à Santiago du Chili... pas à la Havane.
Les prisonniers étaient largués en mer depuis des hélicoptères
en Argentine... pas à Cuba. Les contestataires ne sont pas assassinés
dans les rues de La Havane... mais au Honduras, sans
aucune réaction des États-Unis et de l’Europe. Ce n’est pas à
Cuba que des évêques et des prêtes ont été assassinés, mais au
Brésil, en Argentine, au Salvador, au Guatemala, au Mexique.
Fidel l’a sans doute rappelé au pape François, lorsqu’il le rencontra,
il y a quelques mois. Certes, il y a eu des erreurs. Mais
posons-nous la question : un petit pays harcelé, étranglé, en
guerre permanente, continue, contre la plus grande puissance
mondiale, où son président a dû déjouer plus de 600 tentatives
d’assassinat, est-t-il le meilleur terreau pour favoriser l’épanouissement
de la démocratie, telle que nous la concevons chez
nous ? Et malgré cela, Fidel Castro peut nous quitter en affichant
des progrès sociaux considérables. Voici un pays du tiersmonde
où l’espérance de vie s’élève à 79 ans, où tous les enfants
sont scolarisés et soignés gratuitement. Les puissances capitalistes
peuvent-elles en dire autant ? Un petit pays par la taille
capable de produire des universitaires de talent, des médecins
et des chercheurs parmi les meilleurs au monde, des sportifs raflant
les médailles d’or, des artistes, des créateurs... Où, dans
cette région du monde et dans tous les pays, dits en développement,
peut-on présenter un tel bilan ?
Doit-on reprocher ou remercier Fidel d’avoir accueilli les réfugiés
fuyant les dictatures du Chili et d’Argentine, de Haiti et de Bolivie,
d’avoir ouvert les écoles, les centres de santé aux enfants
des “parias” de toute l’Amérique latine et, plus tard, à ceux contaminés
de Tchermobyl ? D’avoir envoyé dans toute l’Amérique latine
les chirurgiens de l’opération Milagro, rendant la vue à des
populations entières ? D’avoir formé gratuitement des milliers
de médecins ? Doit-on lui reprocher ou le remercier d’avoir soutenu
les insurrections armées au Nicaragua, au Salvador et
d’avoir sauvé l’Angola fraichement indépendante, encerclée par
les mercenaires blancs sud-africains fuyants, effrayés, la puissance
de feu et le courage des soldats cubains noirs pour la plupart
? Défaite qui précipita la chute du régime d’apartheid en
Afrique du sud. N’est-ce pas à Cuba que Nelson Mandela consacra
son premier voyage après sa sortie de prison. Une visite à
Fidel Castro, son camarade, son allié et son ami qui l’a soutenu
durant les années de lutte clandestine du Congrès national africain
(ANC).
Dans la mémoire de millions d’hommes et de femmes d’Amériques
latine et du tiers -monde, Fidel restera un héros des temps
modernes, n’en déplaise aux donneurs de leçons et aux petits
commentateurs de télé, dont la méconnaissance de la réalité
dans cette partie du monde n’a d’égale que leur arrogance et leur
inculture.