La dépêche de l'Aube n°860
du Vendredi 17 mars 2006
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Fusion
GDF-SUEZ
Contre le service public et l'emploi
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Fin février, le Premier ministre a annoncé la fusion
entre Gaz de France et GDF.
C'est une privatisation de fait de cette dernière. Suez
possède un capital de 41 milliards d'euros, près
du double de celui de GDF. Les modalités de la fusion aboutissent
mécaniquement à l'absorption de l'entreprise nationale.
L'État, qui contrôle 80% du capital de GDF, n'en
contrôlera plus que 34%. Le pouvoir livre ainsi un bien
national à un groupe privé.
La fusion n'était pas le seul moyen de protéger
Suez. Une solution défendue par la CGT consiste à
"élargir la présence publique dans Suez ".
Une montée de la Caisse des dépôts dans le
capital accompagnée d'une entrée d'autres fonds
stables comme la Caisse d'épargne, le Fonds de réserve
pour les retraites, mais aussi de collectivités locales,
permettrait d'empêcher rapidement toute OPA hostile et l'éclatement
de l'entreprise entre la branche énergie et l'environnement.
La fusion ne préservera pas l'emploi. Les doublons vont
être supprimés avec les emplois correspondants. Ce
fut le cas de 300 000 emplois dans l'énergie depuis 10
ans en Europe. Cette fusion menace les 58 000 emplois communs
à EDF et GDF.
Le service public ne sera pas préservé. L'État
sera minoritaire dans le capital de l'entité issue de la
fusion. Dès lors, il ne présidera plus aux choix
stratégiques à la gestion de l'entreprise. Celle-ci
sera conduite par les actionnaires privés et guidée
par leur exigence de rentabilité. Enfin, le contrat de
service public qui garantit en particulier le maintien de la péréquation
tarifaire est

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re-négociable en
2007. Les actionnaires n'ont jamais caché leur volonté
qu'elle soit rediscutée. De la même manière,
ils souhaitent la fin des tarifs régulés. Le prix
du gaz au particulier pourrait flamber.
Mise en concurrence entre EDF et GDF
Quant à la fusion, elle ne permet pas de répondre
aux enjeux énergétiques. En privatisant GDF, le
gouvernement perd toute maîtrise de la filière gazière.
Les tensions nouvelles autour du gaz invitent au contraire à
l'accroissement de la maîtrise publique du secteur. D'autre
part, en fusionnant GDF avec Suez, propriétaire de l'électricien
belge Electrabel, le gouvernement fait le choix d'une mise en
concurrence directe avec EDF. Ces stratégies de fusions
sont extrêmement coûteuses. 188 milliards d'euros
ont été dilapidés de la sorte en Europe ces
dernières années sans qu'un seul centime aille à
l'investissement dans de nouvelles capacités de production
ou dans la recherche.
Bref, la fusion GDF-Suez, contrairement à ce qu'affirme
le pouvoir, est lourde de menaces pour le service public et l'emploi.
Elle constitue un choix idéologique qui va à l'encontre
des impératifs de sécurité d'approvisionnement
en gaz ou en électricité et d'environnement. À
terme, elle menace l'accès à l'énergie e
nos concitoyens. À l'opposé de cette politique,
ces enjeux appellent au contraire à un accroissement de
la maîtrise publique du secteur de l'énergie
LDA
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Troyes
Les bourses du travail
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La Bourse du travail a été cent années durant
le symbole des luttes ouvrières à Troyes comme dans
toutes les villes de France.
Lieu chargé de mémoire, il va se transformer, ironie
du sort, en magasin d'usine. Certains diront qu'il retourne à
sa vocation première puisque la Bourse a été
construite par les fabricants de textile en 1835 pour servir de
halle de bonneterie comme en attestent encore les emplacements
des anneaux autour du bâtiment. Ceux-ci servaient à
attacher les chevaux tirant les chargements des bonnetiers qui
y vendaient leurs marchandises les vendredi et samedi.
La place s'appelait alors Place de la bonneterie et Troyes, après
Arcis- sur-Aube, était devenu la capitale de la bonneterie.
Une statue des Bienfaiteurs trônait sur la place ainsi que
de nombreux arbres. La statue fut saisie par l'occupant allemand,
et les arbres arrachés, sauf un "Arbre de la liberté"
qui demeura jusqu'à cette année, mais ne résista
pas à la grande détermination du maire de tout rénover
à Troyes.
Il semble que celui-ci soit devenu révolutionnaire car
il veut faire table rase du passé : plus d'Arbre de la
liberté, plus de Bourse du travail. Son gouvernement fait
de même avec les droits ancestraux du travail. Il grignote
et rabote, il précarise, il décivilise et délégalise.
Depuis 1905 la Halle est devenue Bourse du travail. Elle n'a donc
pas connu toutes les luttes qui ont précédé
ce 20e siècle si bagarreur, mais elle s'est rattrapée
depuis.
Le mouvement ouvrier s'est forgé une âme depuis la
grande Révolution française qui a beaucoup donné
de libertés à la bourgeoisie dont celle de restreindre
celles des ouvriers. En effet, le droit de rassemblement a été
aggravé par la loi Le Chapelier de 1791. On sait que le
pauvre Claude Jobert (1) en fit les frais en 1789. Venant de Pont
Ste Marie, il osa défiler avec ses compagnons pour réclamer
du pain. Les bourgeois le pendirent.
La journée de 8 heures, initiée par Paul Lafargue,
gendre de Karl Marx, ne fut effective qu'en 1906. Savez-vous que
Charles Gros et Etienne Pedron, deux Troyens, furent les premiers
compositeurs et paroliers à chanter cet événement
?
La Bourse du Travail prend ses quartiers à Troyes en 1905.
Elle s'inscrit dans un grand mouvement d'émancipation qui
date du XIXe siècle et qui lutte contre le capitalisme
dont le symbole est la Bourse. Le

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contre-pouvoir sera donc
une Bourse ouvrière qui offrira aux travailleurs des services
de Mutualité (placement, secours de chômage, secours
de route (viaticum) et contre les accidents.), un service d'enseignement
(bibliothèques, renseignements, musée social, cours
professionnels.), un service de propagande (études statistiques,
économiques, création de syndicats dans toutes les
branches, demande de conseils des prud'hommes.), le service de
résistance (organisation des luttes, caisses de grèves).
Dès 1845 et peut-être même 1790, l'idée
de cette Bourse ouvrière est lancée.
La première Bourse du travail voit le jour à Paris
le 5 novembre 1886. D'autres vont suivre rapidement dans toute
la France. Ce qui a pour résultat de nouer entre les organisations
ouvrières de solides et permanentes relations, de leur
permettre de s'entendre, par l'éducation mutuelle. Grâce
au réseau des Bourses, les syndicats pouvaient s'unir.
Le 7 février 1892 naissait la Fédération
des Bourses du Travail à l'initiative de Fernand Pelloutier.
Elle donna naissance, en 1895, au Congrès de Limoges, à
la C.G.T. Le Congrès de Paris de 1900 dénombrait
57 Bourses et 1065 syndicats.
La Bourse de Troyes ne fut vraiment dans ses meubles qu'en 1905.
Avant elle, les syndicats n'avaient pas attendu qu'on leur délivre
un lieu pour militer. On dénombrait 1500 syndiqués
en 1900. Des Maisons du peuple fleurissaient partout.
La perte de ce bâtiment ne sonnera pas le glas des luttes
ouvrières. L'offensive sauvage menée par le MEDEF
et la droite (UMP et leurs alliés) contre les acquis, mérite
une mobilisation forte.
En attendant, et cela fait partie aussi des luttes bien comprises,
il faut exiger que la mémoire ouvrière soit respectée
en ce lieu. Le monde ouvrier a sa fierté.
(A suivre)
Jean Lefèvre
Quelques-unes de ces notes sont extraites des
documents de Lucien Desfête et René Jourdheuille.
(1) La rue Claude Jobert, près de l'école des Blossières,
fut inaugurée à la demande des élus communistes.
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Hommage
à Betty Dié
19 MARS A ESTISSAC
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La journée du dimanche 19 mars sera consacrée
à Betty Dié, ancienmaire d'Estissac, héroïne
de la Résistance.
Toute la journée des cérémonies se dérouleront
dans la ville. L'après-midi, dès 15 heures, un diaporama
monté et commenté par Robert Dié, le fils de
Betty, sera projeté. Il sera suivi par un spectacle, donné
par le Théâtre Populaire de Champagne.
Au programme des chansons par Marie Durati et Philippe Cuisinier,
une scène extraite de B.Brecht, " le Référendum
", par le T.P.C et des textes et poèmes d'Eluard, Aragon,
Desnos, Brecht, Prévert, Max Jacob ou G.Guillemot.
La coordination est assurée par Jean Lefèvre.
Inscriptions : Me Anita Flament 1 place de la Mairie 10 440 La
Rivière de Corps
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.....CPE
ET LE RESTE
Interrogé l'autre jour sur le mouvement étudiant,
anti- CPE, Gilles de Robien a sorti l'anecdote de la jeune fille
handicapée, bousculée dans l'escalier d'une fac. C'est
bien la preuve que les contestataires sont tous des voyous. Raisonnement
primaire, définitif, sans appel. Aveuglant !
Ce monsieur a en charge l'éducation du pays. Il y met la
même logique. Il décide de passer par-dessus deux siècles
de pédagogie française (une des meilleures au monde)
pour revenir au b-a ba, méthode syllabique. Celle-ci est
abandonnée depuis longtemps, remplacée par une méthode
mixte mieux adaptée à la diversité des élèves.
Même ignorance quand il s'agit d'utiliser une expertise de
l'INSERM qui préconise le dépistage hâtif de
la délinquance. Un môme un peu remuant est un criminel
en puissance, tout le monde sait ça. D'où la nécessité
de mettre des policiers à l'école, de chasser les
enfants en difficulté du cursus scolaire, de les confier
à une commission municipale.
Mais le ministre aime les bons éléments, les bons
petits fils à papa. Il leur a concocté des bourses
spéciales, "au mérite". Il leur a donné
la permission de choisir leur lycée, lycée d'ailleurs
en concurrence et plus ils auront de réussites, plus ils
auront de moyens, les lycées. Ça, c'est l'égalité
ou je ne m'y connais pas.
À voir la photo de M. de Robien, on dirait un homme. À
regarder son carnet de notes, on dirait un âne.
La laïcité nouvelle est tirée, on veut nous la
faire boire. Je suis pour qu'on débonde le tonneau et qu'on
jette le liquide et la lie à la mer comme le font les étudiants
vis-à-vis du CPE.
Malicette
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Succès
de la choucroute de la section du PCF de Bar-sur-Seine......
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Les communistes de la section de Bar-sur-Seine
organisaient samedi 11 mars leur traditionnelle choucroute. Convivialité
et politique étaient au rendez-vous avec cette année
une place particulière pour la presse communiste à
l'occasion de la sortie de la nouvelle humanité. Une vingtaine
de HD ont été vendues au hasard des tables. Auparavant
dans son intervention, devant une salle de cent quarante personnes
attentives, Jean Pierre Cornevin, secrétaire départemental
du PCF avait mis en avant l'utilité du journal "Avec
cette nouvelle Humanité Dimanche relookée en véritable
magazine, nous allons apporter notre soutien aux peuples qui veulent
soulever les couvercles qui les étouffent. La nouvelle Humanité
Dimanche va permettre un va et vient démocratique permanent
pour montrer que le souhaitable peut devenir possible. Ce nouveau
magazine est le vôtre. Il est à la disposition de tous
les progressistes, de tous les démocrates, de tous les esprits
libres qui veulent faire rayonner les idées et l'action unie
pour le changement de pouvoir de politique et de société
.
" Il a également abordé la situation politique
du pays et la nécessité de battre la droite et faire
réussir la gauche ce qui demande "une gauche audacieuse
qui nhésite pas à s'attaquer aux logiques des
politiques libérales ".
Roland Leloup le secrétaire de section de Bar-sur-Seine du
PCF a tenu à remercier devant les convives l'ensemble des
militants (es) qui se sont une nouvelle fois investis pour la réussite
de cette agréable soirée.
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Contrat
première embauche
Une autre politique pour l'emploi des jeunes est possible.
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La droite tente d'accréditer l'idée
qu'aucune politique alternative au CPE n'existe. Ainsi, ce projet
détestable serait par défaut, le seul substitut au
chômage des jeunes.
Rien n'est plus faux. Les communistes portent des propositions en
rupture avec la politique de précarisation et de surexploitation
des jeunes :
Objectif : sécuriser le passage des jeunes à l'emploi
stable de façon telle que l'emploi des autres salariés
s'en trouve conforté : avec un contrat de sécurisation
emploi-formation à durée indéterminée
s'insérant dans un dispositif institutionnel. Il comporterait
deux volets :
-Un volet formation-insertion, plus ou moins important selon les
diplômes et la qualification de l'intéressé(e).
Il serait inclus dans un contrôle avec la participation de
l'AFPA, du service public de la formation continue et de l'inspection
du travail.
-Un volet emploi avec un travail payé au même taux
de salaires horaire que les autres salariés de même
qualification et de même poste.
Le financement ne s'appuierait pas sur des baisses de cotisations
sociales de l'employeur poussant à réduire les "coûts
salariaux". Outre les financements publics et les prélèvements
pour la formation, il s'appuierait sur une incitation par le crédit
: son taux d'intérêt serait d' autant plus abaissé
qu'il servirait à financer des investissements programmant
plus d'emplois et de formations avec des Fonds nationaux et régionaux.
Des obligations importantes d'emploi des jeunes seront imposées
aux entreprises. Celles qui ne les respecteraient pas seraient pénalisées,
notamment par un prélèvement contribuant à
financer le volet formation-insertion de ce nouveau dispositifs
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Le
vrai chiffre du chômage 4,5 millions de sans-emploi
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Des centaines de milliers de chômeurs sont invisibles ;
ils sont sortis des statistiques de lANPE, pour faire illusion.
Des centaines de milliers d'érémistes, d'hommes
et de femmes ont renoncé à retrouver un emploi parce
que trop âgés, et ils savent que l'ANPE ne leur en
proposera aucun, ou parce qu'ils sont trop jeunes, ou pas assez
qualifiés, ou trop qualifiés, ou parce que ce sont
des femmes, qu'elles ont élevé des enfants, qu'elles
ont des enfants
Le chômage officiel n'est que la part émergée
de la privation d'emploi, de l'interdit de travail. La réalité
après trente ans, depuis les débuts de la montée
sans précédent du chômage, c'est que l'opération
camouflage, qui n'a jamais vraiment cessé, concerne aujourd'hui
plus de deux millions de nos concitoyens.
Dans la France de 2006, ce ne sont donc pas deux millions trois
cent mille personnes qui sont victimes du chômage, mais
plus de quatre millions. Et encore faudrait-il ajouter à
ce chiffre celui des femmes qui souhaiteraient travailler si les
conditions étaient réunies.
Voilà qui éclaire du même coup les refrains
du Medef et de la droite sur cette France des 35 heures qui se
prélasse, qui ne travaille pas assez. Leur intention n'est
en aucune manière de donner du travail aux chômeurs,
mais d'exercer en permanence une pression sur les actifs, pour
ne pas dire un chantage. C'est bien le mot pourtant qui convient
quand des PME, mais aussi des grands groupes de l'automobile comme
Renault, programment des gains de productivité mais n'annoncent
aucune embauche. Pression sur les conditions de travail,

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pression sur les salaires,
pression sur les garanties sociales.
Quelle pitoyable mascarade alors quand le Premier ministre prétend
que le CPE serait une chance pour l'emploi des jeunes. En fait,
le CPE, c'est une rotation accélérée d'une
main-d'uvre soumise. C'est, pour des centaines de milliers
de jeunes, le renoncement obligé à toute perspective
d'emploi stable. C'est un enchaînement vers une vie de semi-travail
sur fond de semi-activité. C'est à l'évidence
grossir encore le chiffre de tous ceux qui sortiront des statistiques,
qui n'y figureront pas ou qui renonceront d'eux-mêmes à
leurs droits par manque d'information, par lassitude face aux
courses d'obstacles, par dégoût.
Le silence sur ce continent englouti du chômage invisible
devient un déni de citoyenneté. Le chômage
mine le corps social, les solidarités, on sait que souvent
il confuit au repli. Plus de quatre millions de citoyens privés
de travail, c'est insupportable humainement, c'est une énormité
au cur de la République, c'est un défi à
la justice. C'est aussi à l'opposé d'une vraie croissance.
C'est par un étrange tour de passe-passe idéologique
que le capitalisme entend imposer l'idée que l'économie,
pour tourner rond, a besoin du chômage. Une croissance réelle,
productrice de richesses pour tous, a besoin de tous, de sécurité,
de formation, de certitude d'emploi au long de la vie. Tout le
contraire de ce que fait aujourd'hui ce pouvoir
LDA
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MRAP
Mouvement contre le Racisme et Pour lAmitié entre
les Peuples Mardi 21 mars à 19 H Conférence-débat
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Centre universitaire de lHôtel-Dieu
amphithéâtre - place du Préau à Troyes
Conférence-débat
loi Borloo - projet Sarkozy Avec Bernadette HETTIER vice-présidente
du MRAP
et Ali EL BAZ coordinateur de lAssociation des Travailleurs
Maghrébiens de France (ATMF)
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